[Chambre de Tobal, Premier étage, côté Nord]

Je te créer juste le topic, je l'éditerai plus tard. Réponds-y comme si je n'y étais pas et ne fais pas une description trop précise puisque je la ferai :p

Les pieds lourds, Tobal se rendait à la chambre qu’on lui avait indiquée. Il arriva vite fait, le bruit de la taverne s’était tranquillement estompé au fur et à mesure que le jeune homme avançait dans les couloirs de la bâtisse. Rendu à sa chambre, il s’arrêta, tourna la poignée de la porte d’une main et pénétra dans la pièce.

Voilà qui était bien fait. Enfin un endroit pour trouver le repos. Le repos… en réalité, le jeune Kazek n’avait pas l’intention de dormir de si tôt. Il avait d’autres chats à fouetter. En effet, son père, en plus de lui léguer une lettre dans l’un des compartiments de la selle qu’il utilisait pour monter son étalon Hermès, avait caché pour son fils des livres, un petit four plutôt étrange, des sachets de différentes poudre de métaux et bien d’autres choses qui, à première vue, semblaient peu utiles. Tobal, dès qu’il avait déballé ces choses, seul dans la forêt ce matin, avait rangé le tout dans un sac qu’il portait en bandoulière.

Il posa le sac par terre, se laissa tomber assis sur le matelas du lit et observa la pièce. Il serait bien, ici. Tranquille, l’endroit idéal pour réfléchir, pour étudier, pour enquêter. L’auberge se trouvait au village, il pourrait donc facilement visiter la place, interroger les habitants…

Sa cape commençait à se faire lourde sur les frêles épaules du jeune homme. La tavernière avait dit tout à l’heure qu’elle passerait prendre ses affaires, pour les laver. Il n’avait rien d’autre que les vêtements qu’il portait présentement. Son pantalon, ses bottes et sa cape. Sa chemise servait désormais à la guérison de la patte de la louve blanche.
Tobal se demanda à ce moment ce qu’il était advenu de l’animal. Probablement était-elle toujours avec ses loups, Mircea et Eliade.

Il se releva, détacha la ceinture qu’il avait à la taille sur laquelle un poignard dans son fourreau était fixé. Il posa la lanière de cuir et l’arme près de son sac puis, il détacha sa cape et la laissa tomber parterre. Mentionnons qu’il avait d’abord prit soin de retirer la broche en forme de trèfle dont sa mère s’était servit pour attacher la cape. La broche fut rangée dans le sac. Tobal se retrouva torse-nu et frissonna légèrement, son corps blanc à présent découvert. Le jeune homme se rassit sur le matelas et se débarrassa de ses bottes. Quel soulagement! Ses pieds nus, meurtris par le frottement du dur cuir des bottes, pouvaient désormais respirer.
Tobal soupira en laissant tomber le haut de son corps sur le matelas. Les bras étendus, sa poitrine se soulevant à chacune de ses inspirations qui se faisaient de plus en plus espacées, on aurait dit que le jeune voyageur allait s’endormir. Il demeurait couché, oubliant qu’il devait rendre ses vêtements à la jolie tavernière sans doute bientôt.

Il n'était pas réellement tard et la taverne ne pouvait pas être décrite comme bondée. Althéa se souvenait des fois où, obligée face à la quantité de monde, elle avait du dresser des tables dehord et qu'elle avait du demander à la mère de son aide de venir l'aider. Cela n'arrivait - heureusement pour elle - que durant les grandes fêtes des Dieux ou de la moisson. C'était toute une organisation de prévoir autant de nourriture et de boisson pour autant de personne. Mais l'aubergiste avait un fournisseur qui l'aimait bien et qui prenait parfois de l'avance sur elle.

Althéa sortit de la salle bruyante et chaude, qui sentait le ragout de viande, la bière, le vin et la sueur pour se diriger vers les ailes des chambres de son bâtiment. Sans réellement en faire exprès, elle avait donné au jeune homme une chambre dans une partie de l'auberge qu'elle aimait beaucoup. Vers le nord. Il y faisait frais mais c'était agréable et ne provoquait pas de grelottements si on venait de l'extérieur. En marchant, elle s'arrêta à une fenêtre et jeta un coup d'oeil vers l'extérieur. La tavernière se passa la main dans ses longs cheveux et, distraitement, lissa les plis du tissu de son corset.

Une petite description des vêtements d'une femme comme elle ? Elle portait une longue jupe, donc, dont la couleur dominante était le blanc cassé. Jupe datant d'une autre époque... Des motifs fleuris la découraient, partant de l'ourlet du bas et remontant jusqu'à la hauteur de ses genoux, laissant ensuite le vêtement vierge. Sa gorge et ses épaules étaient nues, laissant voir l'aspect clair de sa peau qui ne changeait pas. Et, comme la mode qu'elle avait appris le disait, elle portait un corset... vous savez, ce moyen de torture... Sans oublier un tablier dans lequel elle mettait l'argent qu'elle recevait et sur lequelle elle s'essuyait les mains.

Il n'y avait rien à l'extérieur et cela lui sembla étrange malgré que ce soit normal. Elle reprit donc sa marche dans l'obscurité du couloir. Puis, elle arriva devant la porte de l'homme et s'immobilisa, tendant l'oreille.
Pas de bruit.
Tant mieux. Elle leva la main et toqua trois fois. Et, poussée par la force de l'habitude, elle entra sans attendre son reste. Oui, s'il dormait, comment pouvait-il lui donner ses vêtements ? Comment pourrait-elle les lui recoudre et les lui laver et les faire sécher pour le lendemain ? Il ne mettrait pas des vêtements froid pour le chemin, il risquerait d'attraper la mort. Ca partait d'un bon sentiment - et Althéa faisait tout par bons sentiments.

Entrant donc dans la chambre, elle avanca d'un pas, sans bruit, connaissant par coeur cette pièce qui était si semblable mais pourtant si différente des autres. Il y avait un lit une place dans le milieu à côté duquel trônait une table de chevet. A côté de la porte, il y avait une commode sur laquelle une bassine et un pichet remplis attendaient la toilette d'un client. L'eau, elle la renouvelait tous les jours où les chambres étaient habitées. C'était qu'il ne fallait pas laisser l'eau croupir !
Avisant de la forme masculine du lit, Althéa s'immobilisa.

La femme louve avait suivit le jeune homme depuis le toit, aussi silencieuse qu'une ombre malgré la pluie qui ne semblait pas vouloir s'arreter. Elle s'arreta au dessus de la fenetre de la chambre qu'occupait sa proie. Quand elle entendit qu'il s'allongeait sur son lit, elle voulu entrer et se débarasser de lui mais des bruits de pas légers se dirigeant vers la chambre l'en avait empeché. L'aubergiste entra dans la piece. Athéa maudit intérieurement la jeune femme. Etant donné le caractète assez amical de l'aubergiste, il serait réellement étonnant que le jeune homme reparte d'ici maintenant, d'autant plus qu'apparament ils éprouvaient tous deux une certaine attirance l'un pour l'autre.
Athéa n'était à l'origine pas quelqu'un de très patient. Elle avait été forcée d'apprendre cette qualité pour survivre. Cependant elle commençait à arriver à ses limites. Peut etre était ce la pluie qui tombait sans discontinuer? Peut etre la soif de souffrance et de sang? Peut etre la colère d'avoir laissé s'échapper un jeune homme insignifiant? Peu importait de toute façon. Elle n'en pouvait plus d'attendre. Le rude voyage pour arriver jusqu'à l'auberge l'avait fatigué et bien qu'elle soit sur-entrainé, ses muscles endoloris la faisait légèrement souffrir. Sans compter le froid qui s'insinuait maintenant en elle de plus en plus. Comme une main glacée se refermant sur elle, comme si elle ne pourrait plus jamais se réchauffer. Seule la pensée du sang chaud qui l'éclabousserait quand elle se débarrasserait de l'homme lui permettait de tenir malgré les tourements qu'elle endurait.
Ses longs cheveux d'un blanc immaculé qu'elle retenait en une tresse dégoulinaient d'eau. La pluie ruisselant sur son corps et trempant ses vetements laissait apperçevoir clairement toutes les lames qu'elle portait avaec elle. Au moins quatre poignards dépassaient de chacune de ses vieilles bottes noires au cuir tanné par les années d'utilisation. Son pantalon collait à sa peau, laissant apparaitre un étui fixé à sa jambe par deux lanières de cuir serrées. L'étui contenait une magnifique dague ouvragée qu'elle avait dérobée il y a bien longtemps et qui lui avait sauvé la mise plus d'une fois. A sa taille, elle portait une fine ceinture comportant de nombreuses fines attaches où elle fixait sa fronde et un petit sac de galets plats, un crochet pour les serrures, une corde extremement fine ainsi qu'un petit bonnet noir pour cacher ses cheveux pendant une mission. Son haut noir, apparemment fait dans la meme pièce que le pantalon, compressait fortement sa poitrine. Somme toute elle portait peu d'armes pour un assassin, mais sa forme de louve lui donnait un avantage quasi impossible à vaincre.
Mais pour le moment sa force ne lui servait absolument à rien à moins qu'elle ne décime l'auberge toute entière ce qui serait particulièrement stupide et inutile. Elle devait attendre, encore et toujours.

Rien entendu, rien du tout. Dans un état de semi-sommeil, Tobal était demeuré à demi étendu sur le lit simple, les paupières closes. Les pas dans le couloir, la porte qui s’ouvrit, il n’en avait pas eut la moindre connaissance. Tout cela s’était fondu à une espèce de rêve éveillé mêlant réflexion et songe. Mais attention, le pas dans la chambre, ça, il l’entendit. Ce fut suffisant pour le tirer du monde imaginaire et le ramener à la réalité, dans la chambre de la Licorne.

Tobal ouvrit les yeux, demeura un court moment couché, comme surpris, puis se redressa, s’aidant de ses bras, et se retrouva assis, face à la tavernière. Il l’observa un moment, comme un peu perdu, mais les évènements passés lui revinrent vite fait à l’esprit. Un petit sourire au coin des lèvres, le jeune homme se frotta paresseusement une paupière, puis se leva.

"J’allais me laisser aller au sommeil… dit-il, Moi qui m’étais promis de ne pas succomber! Du moins, pas tout de suite."

Il leva ses bras vers le plafond et s’étira.

"Pardon, la nuit n’a pas été des plus tranquille par chez moi…" murmura t-il, comme pour lui-même.

Mal à l’aise d’avoir ainsi prit la parole, de s’être, en quelques sortes, confié, Tobal baissa les yeux vers le plancher et passa une main distraite dans ses cheveux.

Ah! Mais c’est vrai! Elle venait pour ses vêtements! Les joues rougissantes, Tobal reprit rapidement la parole, gêné. Peut-être la retardait-il dans ses tâches…

"J’avais oublié, vous venez pour prendre mes vêtements, je suppose..." raisonna t-il tout haut.

Sans attendre de réponse, il se pencha aussitôt vers sa cape qu’il avait laissé tomber parterre. Il la tint haut et l’on pouvait ainsi voir qu’elle était trouée dans le bas, à plusieurs endroits.

*J’ai dût l’abîmer dans la forêt…*

Il fit un pas vers la tavernière, puis un autre, quelle étrange sensation ressentait Tobal à ce moment. À la fois agréable et inconfortable, un battement de cœur de plus que normalement, un malaise, même avaler n’était plus aussi évident…
Le jeune homme, une fois près de la tavernière, lui tendit sa cape, mais du coup il se rendit compte que ce n’était pas tout. Restait son pantalon.

"Je n’ai plus de chemise, je m’en suis servi pour soigner une louve dans la forêt. Et puis je n’ai rien d’autre, sauf ce pantalon…" ajouta t-il sans lever les yeux vers la tavernière, fixant son regard à la cape qu’il tenait.

Elle prendrait sa cape, repartirait, le planterait là dans sa chambre et lui, il demeurait immobile, déçu de lui-même et de sa timidité, de son incapacité à parler intelligemment avec elles. Elles toutes sans exception… Il ne savait même pas son nom, elle ne connaissait pas le sien, pas le vrai, et puis qu’est-ce qu’elle pourrait bien lui trouver, de toute façon? Il resterait seul, comme d’habitude, et n’aurait plus qu’à s’apitoyer sur son sort. Seulement là, non. Tobal ne s’apitoie pas ainsi sur lui-même, il s’installerait plutôt parterre, ouvrirait ses livres et se plongerait dans le monde de l’alchimie, une fois de plus. Sûrement tenterait-il de créer une pierre dont la couleur lui rappelait celle des yeux de la jeune femme.

Il y avait toujours cette présence.
Elle était là, comme des yeux de sang braqués dans son dos, sur sa nuque sur elle. Des yeux qui essayaient de la transpercer, de passer au travers de son corps. Elle les sentait, là, incidueux, pressant, impatient. Elle en aurait presque eu de nouveau des frissons. Il y avait quelqu'un là, elle le savait, le sentait dans sa chair. Et la paranoïa n'était pas son principal défaut.
Presque avec délice - et colère - elle regarda le jeune homme se lever de sa torpeur, s'étirer, levant les bras au plafond et parler. Il parla encore et encore, remplissant le silence quelques longues secondes et sa voix qu'Althéa avait si peu entendu était à la fois un étonnement et une chose dérisoir. Elle inclina quelque peu la tête sur le côté, ayant dans ces yeux marrons clairs des questions évidentes pour elle seule. Puis, elle tendit les bras pour receuillir les vêtements sales et déchirés du jeune homme.

Puis, il resta depuis dans la chambre, éclairé par la seule lueur palôte de la lune au travers de la pluie drue. Son pantalon. Il ne lui donna pas et cela lui fit hausser un sourcil d'interrogation. Althéa écouta ses explications. Une louve. Une louve. Elle eut des frissons. Son instinct ne la trompait jamais. Il avait soignée une louve ? Qu'était la fille albinos sinon une représentante humaine de la race canine ? Ses yeux s'ouvrirent grands. Elle devait être là, à observer, à savoir, sentir, voir. C'était ses yeux à elle qu'Althéa avait sentit en sortant, c'était ses yeux à elle qu'elle sentait en ce moment, sur elle, sur lui, partout autour d'eux. La Louve devait être dehord, trempée et en colère. Que venait-elle faire ici ? Ne venait-il pas de dire qu'il l'avait soignée ? Elle avait une dette envers lui, non ? Mais la tavernière se demanda si cela ne faisait pas parti du stratagème de cette tueuse.

Elle ne s'en rappelait pas bien de son enlèvement près de la rivière rouge. Elle se rappelait d'une louve-femme et d'un général castré. Elle se rappelait du viol sans en accorder plus d'importance que cela. La Louve ne s'était-elle pas présentée au chef comme une tueuse professionnelle ? Si.
Le jeune homme devait-eêtre sa proie. Et seule Althéa le savait.

La tavernière fit passer son étonnement pour ce qu'il était, c'est-à-dire de l'étonnement et glissa d'une voix murmurant à l'homme :
"Je sais comment son fait les hommes. Donnez moi vos braies."

Mais, pendant qu'elle attendait, se tournant à moitié - face à le fenêtre - pour laisser à l'endormit à peu de pudeur, son esprit réfléchissait à toute vitesse. Cela ne la regardait pas, il était vrai. Mais il n'y avait encore jamais eu de cas de meurtre dans son établissement et ce n'était pas demain la veille que cela commencerait. Comme à son habitude, elle avait une dague dans son corset, entre ses deux seins - c'était d'ailleurs ce qui lui avait sauvé la vie pendant son enlèvement - mais que représentait une si faible arme face à une tueuse non-humaine ?
Puis, elle eut le déclic. Elle sut que faire. Elle le devait. Elle ferma les yeux et attendit ce qu'elle demandait.

Quelque chose semblait tourmenté la tavernière, quelque chose qui échappait au jeune homme. Jamais ne se serait-il douter que cette louve blanche ait été une femme et encore, n’eut-il jamais songé que cette femme serait à ses trousses, pour le tuer. Tobal croyait la vie de son père menacée, enfin peut-être, mais pas la sienne. Il avait fuit, il était hors de danger…N’est-ce pas? Peut-être demeurait-il encore en cet homme à en devenir quelques restes de la naïveté de l’enfance. Et dire qu’une femme-louve le guettait du haut de la Licorne! Une tueuse qui attendait le bon moment pour le vider de son sang…

Et elle, devant lui, elle qui le fascinait, demeurait silencieuse. Il parlait trop. Soit il ne parlait pas assez, soit il perdait le contrôle sur ses paroles. Comment trouver le juste milieu? Comment le trouver lorsque de ses sens il se voyait dépourvu en présence de la tavernière ?

Et la lune, sa douce lumière qui à elle seule venait éclairer la chambre ajoutait à la pièce une ambiance de mystère, presque irréelle. Seulement, la nature est connue pour ses brusques changements et cette douce lumière pourrait vite devenir celle qui éclairerait, de son blanc glacial, la scène d’un meurtre. Mais en attendant…

Tobal haussa légèrement les sourcils en entendant l’ordre que la tavernière prononça. Lui donner ses braies? Ce qui, en somme, lui servait de sous-vêtement? La seule femme n’ayant jamais demandé les braies de Tobal, jusqu’à présent, était Flavia, sa mère. Mais pourquoi cette gêne? Cette hésitation? Si la tavernière n’avait pas eut cet effet étrange sur Tobal, sûrement lui aurait-il remit son vêtement sans se poser de questions, sans sentir ses joues rougir.

Lentement, d’un geste hésitant, le jeune homme défit l’attache de son pantalon, se pencha pour le faire glisser le long de ses jambes, retira un pied, puis l’autre. Il remit le vêtement à la jeune femme. Il défit ensuite le nœud à sa taille de la cordelette qui maintenait ses braies en place, celles-ci tombèrent aussitôt. Il s’accroupit pour prendre le vêtement et le tendit également à la tavernière. Ayant pour unique source de lumière la lune, la pièce se trouvait en grande partie plongée dans l’obscurité, ce qui soulagea un peu le jeune homme, désormais nu.

Tobal resta debout devant la tavernière, les bras le long de son corps blême, attendant que la jeune femme sorte. Ce serait alors un soulagement.

La femme louve sur son toit se raidit tout d'un coup. Elle sentait presque l'inquiétude de la jeune femme. Selon toute vraissemblance elle avait du sentir sa présence. Il est vrai qu'elles s'étaient déjà rencontrées par le passé et le souvenir qu'elle avait du laisser à la jeune femme devait etre...particulier. Quoi qu'il en soit elle devait se débarrasser d'elle. Elle devait sortir de la chambre ou bien...Un sourire machiavelique éclaira le visage de la femme louve. Ses yeux brillèrent d'un étrange éclat par dessous le rideau blanc que ses cheveux formaient sur son visage. Elle se rapprocha un peu plus du bord de la fenêtre. Elle ne pouvait de toute façon pas se permettre de laisser s'échapper le jeune homme. L'aubergiste ne représentait qu'une gène minime. Elle la tuerait s'il il le fallait. Certes il faudrait laisser le corps intact pour pouvoir maquiller le meurtre de la jeune femme en un sucide ou un accident. Une chute par la fenêtre c'est tout de meme vite arrivé. La pauvre petite n'en rechapperait pas. Quel dommage! Gâcher de la viande ainsi! Mais Athéa n'avait de toute façon pas le choix. Si l'aubergiste avait décidé de rester dans la chambre, elle mourrait.
Elle décida de laisser 15minutes à l'aubergiste pour quitter la piece. Athéa songea que ce serait les 15 minutes les plus difficiles de sa vie. En équilibre précaire tout près de la fenêtre, les muscles bandés à l'extrème, elle tenait bon. Elle sentait son corps protester malgré elle. Tout son coprs semblait hurler à l'agonie. Elle avait si mal. Les deux jeunes gens ne se rendaient pas compte à quel point la souffrance d'Athéa rendrait la leur encore plus terrible. Seul la soif de sang et de vengeance poussait la femme louve à attendre encore. Elle avait été humiliée en permettant à l'humain de s'échapper du massacre de la famille. Il paierait pour cela.

Il lui donna ses vêtements alors qu'elle tendait une main en arrière.
Elle le savait, il était maintenant derrière elle, aussi bien vêtu qu'au premier jour de sa vie et probablement les joues aussi rouge que des lèvres d'une courtisanne. Elle, elle était toujours aussi pâle, peut-être même un peu plus par la lune qui passait au travers de la vitre. Peut-être plus alors qu'elle savait qu'il y avait dehord une tueuse qui attendait le jeune homme. Mais elle restait droite et impassible, comme un rocher défiant la tempête. Une idée germait peu à peu dans son esprit, et celle-ci n'attendait qu'un instant, qu'un moment pour éclater et s'exécuter.

Elle ramena devant elle sa main et ajouta au tas de vêtements qu'elle avait déjà ses sous-vêtements. Ensuite, elle fit un pas sur le côté et jeta le tout un peu partout dans la pièce et avança vers la fenêtre. Son index toucha la surface froide du verre et dessina sur la buée un oeil et un point d'exclamation, suivit d'une flèche verticale.
Althéa tourna le visage vers le jeune homme aussi rouge qu'elle l'imaginait. Il ne le savait peut-être pas, mais le bois de la fenêtre empêchait la lune d'éclairer ce qu'il n'aurait probablement pas voulu qu'Althéa voit. Elle, elle passa sa main sur le verre et effaça ses inscriptions ephemères.

"Vous allez me détester, mais je fais ça pour votre bien." dit-elle dans un murmure que la pluie ne permettait surement pas de faire entendre de l'extérieur.
D'un geste sec, elle ferma le rideau. Puis, rapidement, elle fit un pas vers le lit, tira la couverture avec force et la jetta sur le jeune homme. Puis, comme une pucelle fragile, elle poussa un hurlement de tout le coffre de son thorax.

Dans les dix secondes qui suivirent, la chambre fut envahie d'abord par un client qui dormait à côté, puis par sa femme, et, petit à petit, par des clients attirés par le cri d'Althéa. Le silence régna dans l'auberge, ni la musique ni les chants et les bavardages de la salle principale ne se faisait entendre, maintenant.
Althéa, de son côté, avait eu le temps de mettre quelques unes de ses mèches en désordre et de s'être laissée tombée sur le lit, la jupe un peu relevée. Son regard normalement si innexpressif transmettait maintenant de la peur et de la la colère qui clouèrent sur place pas mal de monde.

Elle se releva, les sourcils froncés et les yeux appeurés. Elle remit avec une apparente maladresse sa jupe en place et essuya du revers de sa main son front et ses yeux où des larmes imaginaires coulaient.

La Tavernière savait qu'elle risquait gros cette fois. Sa réputation de marbre venait d'en prendre un coup pour lui. Elle avait déjà mi des hommes au sol alors qu'ils essayaient de lui mettre la main aux fesses. Et il n'y avait pas que de la fausse peur qui brillait dans ses yeux, mais aussi son orgueil qui venait de prendre un coup. Mais ce n'était pas seulement sa fierté qui était blessée, mais aussi le risque qu'elle prenait à ce que la louve essaye quand même d'attaquer malgré la foule.

Certes, elle aurait pu rester seule avec lui, mais elle savait que sa force n'était rien pour une femme sauvage - elle s'était déjà chamaillée avec des enfants elfes pour les faire rire, et ils gagnaient toujours même lorsqu'elle ne jouait plus et y mettait toute sa force. Elle était moins forte qu'elle.

"Il... il... Enfermez-le dans la cave !" d'une voix qui se brisa étrangement sur la fin. Trop étrangement. Mais on eu l'air de s'exécuter et deux gros bras entourèrent le petit homme, deux gros bras à qui Althéa avait parfois offert une pinte de plus pour leur aide dans le déchargement des tonneaux.

Et, l'actrice née adressa au jeune homme un regard de profonde excuse avant de fondre en courant dans la foule...

[Athéa, si tu décides d'attaquer dans la chambre, j'éditerai.]

Pourquoi agissait-elle ainsi? La tavernière s’était mise à éparpiller les vêtements de Tobal un peu partout dans la pièce. Les sourcils froncés, l’air interrogateur, le jeune homme l’observa, ne sachant trop que faire, stupéfait. Il allait l’interroger lorsque celle-ci se mit à tracer des formes sur la vitre de la fenêtre. Tobal déduisit d’abord de ces inscriptions que la jeune femme était folle, mais en y songeant plus attentivement, il se dit alors qu’elle tentait peut-être de lui dire qu’ils étaient observés, voir espionnés par quelqu’un.

Pourquoi l’espionnerait-on? Tobal se sentait toujours perdu. D’autant plus que la tavernière se mit à dire d’étranges choses. Qu’avait-elle l’intention de faire?

"Quoi?"

Pas certain d’avoir bien entendu, il fit un pas vers le lit, se rapprochant ainsi de la jeune femme qui lui jeta aussitôt la couverture dessus. Il l’enroula autour de lui puis s’arrêta, pris sous choc en entendant le cri que venait de pousser la petite femme. Les yeux écarquillés, il la regarda et se rapprocha à la hâte.

"Quoi!? QUOI!? Que se passe t-"

Le bruit de la porte qui se rouvrait violemment fit tourner la tête à Tobal, qui se tenait devant la tavernière près, cherchant à comprendre ce qui l’avait fait crier ainsi, pourquoi elle se décoiffait et relevait sa jupe. Il tenait l’un de ses poignets, ayant cherché à l’arrêter dans l’élaboration de sa mise en scène, pour qu’elle lui explique le but de ses agissements. D’un œil extérieur, tout portait à croire que les intentions du jeune homme étaient malsaines, vicieuses. La scène était bien décorée, la tavernière dans son rôle de victime, parfaite, et Tobal, tout aussi crédible dans sa position actuelle.

Le jeune homme, le regard paniqué, vit entrer les hommes et femmes les uns après les autres dans la petite chambre. Il regarda la tavernière, l’appelant à l’aide du regard, cherchant une réponse dans le sien, mais celle-ci semblait tout aussi paniquée, horrifiée. Il se recula vivement, se rendant compte de l’interprétation qu’avaient les gens présents de la scène dont ils étaient témoins, et fut aussitôt empoigné par deux hommes. Tobal tenta de se défaire de l’emprise des deux colosses, mais en vain. Ceux-ci se servirent de la couverture pour le tenir fermement, le privant de tous mouvements.

"LÂCHEZ-MOI! "

Tout allait trop vite. On le souleva de terre, l’un l’empoigna au niveau des bras, l’autre par les jambes. Les regards que l’on posait sur lui étaient porteurs de dégoûts, de mépris, voir de haine chez certains, mais celui de la tavernière…celui de la tavernière, sembla être empreint de désolation. Sans mot dire, Tobal ouvra la bouche et ses lèvres mimèrent le simple mot :

~~"Pourquoi…?"~~

On l’emmena à la cave, comme prévu. Une femme qui marchait à l’avant du groupe ouvrit une trappe dans le plancher et sans délicatesse, les deux hommes jetèrent Tobal dans le trou noir.

"Non! NOOOOON!"

Dans un bruit sourd, l’on referma la trappe et l’on cadenassa la poignée. La dernière chose que vit le jeune homme fut les regards haineux des paysans. Il tomba violemment de dos sur le sol rocailleux, froid, tout comme l’air dans la pièce plongée dans l’obscurité. En tombant, il s’était écorché le dos à plusieurs niveaux, mais n’en souffrit pas aussitôt.

On n’y voyait rien. Tobal parvint à se défaire de la couverture qui le coinçait et la replaça sur ses épaules, s’enveloppant dedans. Il marcha un peu, tremblotant légèrement, à la cherche d’une issue, mais rien. Il retourna ensuite vers un mur, qu’il longea jusqu’à atteindre un coin où il s’accroupit. Le jeune homme se recroquevilla sur lui-même, question de se garder le plus possible au chaud.

*De quoi voulait-elle me cacher? Si c’est bien ce qu’elle voulait faire… Pourquoi ne pas me l’avoir dit… Mais, elle a pourtant essayé…*

Il renifla, sentant la goutte lui descendre au nez, et resserra l’étreinte de l’épais tissus. La tête appuyée contre le mur de pierre, il attendit. Après quoi? Après quoi? Il l’ignorait. Ce n’est que lorsque le calme commença à l’habiter que Tobal ressentit une vive douleur au dos. Il sentait sur sa peau couler de minces filets de sang. Sûrement s’était-il blessé en tombant, songea t-il. Le temps s’écoula, tranquillement, lentement, et Tobal demeura accroupi dans son coin, espérant voir la trappe se rouvrir d'ici peu..

La femme louve étouffa un hurlement de rage et jura intérieurement contre l'aubergiste. Pour qui se prenait elle celle là? Pensait elle réellement qu'une simple serrure allait arreter le maitre assassin? C'était gravement sous estimer ses capacités. Elle ne put retenir une remarque. Sa voix était presque un murumure dans le noir. Une sentence de mort qui claquait dans l'air comme un couperet.

"Tu es très bonne actrice à ce que je vois mais ne me sous estime pas pauvre folle..."

Les yeux pâles d'Athéa brillaient d'une rage contenue, sourde, semblant dicter chacun de ses mouvements. Le calme apparent qu'elle affichait demandait une parfaite maitrise d'elle meme, un controle total. Elle s'enfuit dans la nuit. Ce n'était plus maintenant qu'une question de temps. Tout dépendait de sa rapidité. La jeune femme ne mettrait pas longtemps avant de comprendre. Il se pouvait meme qu'elles soient parties en meme temps. Il ne s'agissait plus maintenant d'une simple mission. Elle ne traquait plus un fuyard. Il s'agissait d'un duel. Un duel entre deux femmes.
Athéa ne prit pas le temps de réfléchir à toutes les implications de ce retournement de situation, elle se contenta de se focaliser sur son but. Elle devait parvenir à la trappe de la cave avant l'humaine, avant que les villageois n'aient le temps de s'organiser pour creer une garde devant la trappe. Elle n'avait que quelques secondes. Bénissant son maitre qui avait eu la bonne idée de lui faire étudier le plan de la ville il a bien longtemps, elle s'élança sur les toits. Quand elle atteint la cour intérieure de l'auberge elle sauta dans le vide. N'importe quel humain se serait surement rompu les os à la suite d'une telle chute mais Athéa n'était pas humaine. Remerciant silencieusement le destin qui l'avait fait naitre louve et qui avait décuplé ses aptitudes physiques, elle continua à courir. Elle ne pouvait pas se permettre de s'arreter. Pas maintenant. Pas si près du but.
Elle entra par la porte arrière de l'auberge, celle ci n'étant pas encore surveillée. Elle retint sa respiration et entra dans la pièce où deux hommes étaient en train de se disputer pour savoir lequel des deux garderait en premier la trappe de la cave. Priant les dieux pour qu'ils soient suffisamment stupides, elle s'approcha du cadenas en usant de toute la discression dont elle était capable, utilisant les ombres pour se fondre dans le paysage. D'une main experte, elle crocheta la serrure et compatant sur sa rapidité et absence de réflexes des deux hommes elle se glissa à l'intérieur de la trappe. Le bruit fit se retourner les deux gros baraqués.

"tiens j'aurais juré avoir vu quelqu'un là...c'est bizare..." déclara l'un des deux en se grattant la tete l'aire perplexe ce qui le rendait particulièrement stupide.
"hey mais t'as raison Georges! r'gard' là! y a d'l'eau! et p'is l'cad'nas l'est défait!"lui répondit l'autre.
"ben ya qu'à le refermer...comme ça meme s'ils sont deux i' sortiront pas!"
"Ah Georges j'savais bien qu't'était l'plus intelligent d'nous deux! Aller j'suis sympa j'te laisse l'premier tour d'garde."reprit le deuxième tout en refermant le cadenas.

Athéa sous la trappe se permit un soupir de soulagement discret. Cependant ça n'était pas fini. Certes l'aubergiste ne s'attendait surement pas à une action kamikaze de la part du maitre assassin mais le problème d'Athéa restait entier. Elle était elle aussi coincée dans cette cave à présent. Elle avait du mal réfléchir, ses muscles endoloris la faisant souffrir et que la course sur les toits n'avait pas amélioré. Elle était toujours tempée jusqu'aux os et la seule chose à laquelle elle aspirait en cet instant était un bon bain chaud. Peut etre le sang serait il une compensation suffisante? Elle se deplaça dans la pièce, aussi discrète qu'un chat. L'obscurité totale ne la genait absolument pas, sa vision était décuplée par les sens de la louve en elle. Elle pouvait distinguer parfaitement la forme de l'humain recroquevillé dans un coin de la pièce d'une façon si pathétique qu'elle aurait pu arracher un semblant de pitié à la jeune femme.

» Tobal Kazek
» Premier cour