Les fruits de l'innocence

Un grand chien noir se tenait près d'un ruisseau, la tête penchée vers l'avant, s'abreuvant à grands coups de langue. C'était un animal comme on en voyait souvent sur Terre. Il règnait à l'entrée de la forêt un silence presque absolu, à l'exception du chant des oiseaux que l'on parvenait facilement à entendre et de l'eau qui coulait dans le creux du sol.
Léo, un jeune garçon âgé d'environ 13 ans, était caché derrière un buisson à cueillir des petites baies. Il les avait découvertes quelques temps auparavant et n'avait partagé son secret qu'avec son chien Iris. Il cueillait minutieusement les petits fruits et les posaient dans le creux de sa main. Avant de les arracher à l'arbre, il les inspectait rapidement au toucher. Étant aveugle, il se débrouillait avec ses mains et cette fois, ses doigts lui indiquaient si le fruit était bon ou pas, mûr ou pas.
C'était une belle journée et le soleil parvenait parfois à se glisser entre les nuages. Le chien qui buvait au cours d'eau aurait facilement put paraître perdu. Il ne portait aucun collier et semblait seul. Il ne tourna la tête que lorsqu'il entendit des pas, mais il retourna à son occupation bien rapidement, ne se sentant point menacé par la présence humaine.
Léo, quant à lui, était resté caché derrière son buisson, mais avait cessé de ramasser des fruits. Il avait entendu parler de gens dangereux et préférait entendre la voix de la personne qui venait avant d'oser se montrer. Des gens qui habitait l'extérieur du village et qui n'appréciaient guère les gens de Fukeru. Laisser Iris comme ça près de l'eau l'embêtait, mais il ne pouvait rien faire s'il ne voulait pas se faire voir. Du moins, pas tant qu'il ne serait pas rassuré.

Deunan avait quitté le village, tôt ce matin, et s'était promenée un peu partout, essayant de se repérer. Comme il ne smblait y avoir aucun moyen de partir, autant s'habituer aux lieux. Elle avait été rendue, dans la matinée, à un petit ruisseau, qui semblait traverser la forêt. Elle avait tout naturellement décidé de le suivre, s'aventurant entre les arbres, profitant de la tranquilité qu'offrait les bois. Une fois dans la forêt, elle n'avait plus eu aucune notion du temps, et s'était promenée pendant sans doute plus de temps qu'elle ne le pensait. Mais les arbres l'empêchaient de voir le soleil, et sa position. Même si elle n'était pas la plus douée pour se repérer aux astres, elle savait quand même deviner l'heure par rapport à celui-là. Au moment où elle l'avait à peu près vu dans le ciel, elle s'était rappelée qu'elle n'était plus dans le même monde... et que ce soleil n'était peut-être pas le même que sur Terre.

Elle avait donc laissé tomber le projet de l'heure, se contentant du jour et de la nuit. Tant qu'il faisait jour, elle pouvait se promener, mais elle s'était elle-même imposé de rentrer avant le coucher du soleil. Ainsi, elle s'évitait de se faire peur toute seule... Après avoir parcouru une distance qu'elle jugeat raisonnable, elle décida de faire marche arrière, pour retourner au village. Elle était donc là, en train de marcher tranquillement dans la forêt, sans se soucier des ennemis de Fukeru. A vrai dire, elle n'en avait pas entendu parler, et jamais elle ne se serait doutée qu'un si paisible village pouvait avoir des ennemis. C'était donc sans se soucier du bruit qu'elle faisait que la jeune fille parcourait les bois.

Elle suivait le cours de l'eau, tapant du pied dedans de temps en temps. Elle regardait le sol, faisant quad même attention à où elle mettait les pieds. Ce serait bête de tomber, même si elle était seule. Elle ne releva les yeux que quand elle entendit une espèce de jappement au loin. Elle suivit des yeux le ruisseau, et tomba sur un chien, à quelques mètres de là. Elle s'arrêta machinalement, fouillant les lieux du regard, cherchant un maître possible, mais elle ne vit personne. Trouvant le chien innofensif, elle fit un pas vers lui, puis un autre, jusqu'à se retrouver à côté de lui. Lui ne semblait pas s'occuper d'elle en fait.

Elle s'accroupit et lui tendit la main, l'invitant à la renifler, espérant qu'il daigne s'occuper d'elle.

Iris, qui était retourné à ses occupations qui en fait consistait à boire l'eau du petit ruisseau qui coulait à travers la forêt, ne se souciait point de la présence de la jeune fille. Le chien était habitué à l'ignorance ou du moins, à l'indifférence. La majorité du temps, il devait se tenir près de Léo, au travail. Son travail consistait à avertir Léo de tout obstacle à venir et des directions. Seulement, lorsque l'inconnue s'accroupit à ses côtés, le meilleur ami de l'homme qu'il était ne se retint pas plus longtemps et tourna sa grosse tête poilue vers le visage de la jeune fille. Il prit le temps de sentir la main qu'elle lui présentait. Sa sentait bon la Terre... Il mouilla les doigts qui se présentaient à lui d'un coup de langue. Iris se désintéressa rapidement du ruisseau puisqu'à présent, il avait trouvé une nouvelle amie! Sa queue fouettait l'air, démontrant la joie qu'il éprouvait face à cette nouvelle rencontre. Iris jappa, question de faire connaissance avec sa nouvelle amie...
Léo s'était déplacé alors que Iris occupait l'inconnue. Il avait apprit à ce faire particulièrement silencieux et se trouvait à présent derrière la jeune fille et Iris. Il n'y avait que sa tête qui dépassait des buissons, mais son visage n'était point orienté vers la source du bruit. Ses yeux regardaient vers le sol. Léo écoutait très attentivement. Le jappement d'Iris le rassura énormément. Il savait reconnaître les humeurs de son chien et le labernois était définitivement content. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il se décida à sortir de sa cachette. Léo se leva et agrippa le harnais d'Iris qu'il avait laissé parterre. Son regard était dirigé vers un point imprécis au loin.

"Iris." dit-il sur un ton qui se voulait autoritaire, mais qui fut en réalité légèrement hésitant.

Léo n'était pas très confortable dans cette situation. Il avait besoin d'être rassuré par la présence d'Iris. D'ailleurs, le chien trotta vers son maître dès que celui-ci prononça son nom. Il se tint debout près des jambes de Léo, du côté gauche. Le garçon toucha le chien et garda le contact, du bout des doigts, avec le poil épais de son chien.
Malgré la réaction positive de son chien, Léo restait méfiant. Après tout, tout ce qu'il perçevait de la personne qui se tenait près d'eux, c'était sa respiration.

"Qui êtes-vous?" demanda t-il d'une voix claire légèrement grave. La voix d'un jeune adulte...

(vraiment vraiment désolée du retard ! Ca n'arrivera plus :S)

Deunan ne put s'empêcher de sourire au contact de la langue rapeuse du chien. C'était plutôt chatouilleux, et elle ne put s'empêcher de retirer sa main un peu trop vivement à son gout, l'envie de résister devenant trop forte. Elle regarda le chien, espérant qu'il ne prenne pas mal ce brutal écartement, mais il ne semblait pas s'en soucier le moins du monde étant donné qu'une voix derrière Deunan avait retentit. D'ailleurs, la voix était légèrement hésitante. Deunan faisait-elle si peur que ça ? Première nouvelle...

Elle vit à regret le chien partir vers son maitre, et ne leva les yeux vers ceux du garçon que quand elle remarqua qu'ils ne fixaient aucun point précis. En fait, Deunan s'attendait à ce que le garçon la fixe elle, bien dans les yeux, comme une personne sûre d'elle. Or, là, le maître regardait loin derrière elle, comme si il ne savait pas où regarder d'autre. En fait, son regard était si vide que la jeune fille eut un doute. Les rares personnes aveugles qu'elle avait déjà rencontrées était du même genre que ce garçon, à regarder un point sans vraiment le voir, à ne pas savoir où poser les yeux.

Bien qu'elle avait décidé le contraire, Deunan fit un pas vers le garçon, comme si ce simple mouvement aurait pu lui révéler toute la vérité sur lui. Elle n'osait pas demander s'il était voyant ou non. Cela aurait peut-être pu paraitre malpoli, ou quelque chose comme ça. Bien qu'elle en ait déjà vu, elle n'avait jamais vraiment parlé à un aveugle. C'était étrange tout de même ! Elle savait pertinnement que les non-voyants étaient des gens tout à fait normaux, mais elle ne pouvait s'empêcher de les traiter différemment. Comme des personnes rares, qu'ils faudrait protéger, auxquelles il ne faudrait pas dire de choses choquantes... Quand le garçon parla, elle essaya de se détendre. Elle était sans doute plus stréssée que lui à l'idée de parler. Elle se força à ouvrir la bouche et réussit à aligner plus de trois mots correctement :

"Je... Moi, c'est Deunan... Et toi ?"

A cause de sa jeunesse (et se son handicap), Deunan ne savait pas s'il fallait le vouvoyer ou le tutoyer. Puis, sa familiarité toujours présente, elle avait fini par le traiter comme tous les gens de sonâge, et lui avait dit "tu"

[que de joie de te revoir parmis nous! What a Face

j'pourrai jamais t'en vouloir Razz

]

La main de Léo restait accrochée au poil épais du chien qui se tenait à ses pieds, faisant face à la personne qui se tenait devant eux. Le labernois était incroyablement patient. La patience est une aptitude absolument nécessaire pour ces chiens qui rendent service. Bien souvent, Iris s’était fait tirer le poil par Léo, qui en ces temps était beaucoup plus jeune. Heureusement aujourd’hui, les deux compagnons savaient se comprendre et s’interpréter au moindre contact. Le chien levait la tête vers le garçon, toujours méfiant, l’air de lui dire : allons Léo, y’a pas de quoi se méfier, elle goûte bon celle-la.
Léo l’entendit venir vers lui, mais l’individu s’arrêta qu’après un pas. Était-ce un test? À l’école, avec ses camarades, Léo avait souvent été cobaye pour ce genre de test. Des mains devant les yeux, des grimaces… toutes sortes de singeries en fait! Avant qu’il n’ait le temps de réagir, l’inconnu parla. Elle répondit à son interrogation en ce présentant. Voilà qui était bien. Cette personne, cette Deunan, ne semblait pas représenter une menace. Léo le sentit par le timbre de sa voix. Il ignora totalement le ton hésitant, un peu faux, qu’elle avait employé à son égard. Sûrement se doutait-elle de son handicap. Cela expliquerait sa façon de s’adresser à lui. Mais la meilleure façon de faire comprendre aux gens qu’il était comme tous les autres, ou presque, c’était d’agir en conséquences et ce, Léo l’avait découvert par lui-même.
À cause de la façon dont elle s’était adressée à lui, Léo put aussi estimer l’âge de la jeune fille. Il sourit franchement, changeant totalement d’attitude face à elle. Les doigts du garçon gardaient tout de même un étroit contact avec le chien. Il fit quelques pas dans sa direction et Iris avançait à ses côtés, le dirigeant en ligne droite et guettant les possibles obstacles. Une fois arrivé à pas plus d’un mètre de Deunan, Léo tendit sa main droite, sa main libre, vers Deunan, un peu trop à droite par contre…

"J’suis heureux de faire ta connaissance, Deunan. Moi, c’est Léo Dukas et lui, dit-il en indiquant le chien de sa main qui le tenait, c’est Iris. Mais je crois que vous avez déjà fait connaissance…"

Léo se tut un moment et respira, prenant soin de goûter l’air. Cette fille sentait la civilité de la Terre. C’était subtil, mais jamais il n’oublierait cette odeur. Il baissa les yeux. Des images lui revenaient en tête, des souvenirs…

"Tu habites ici?" Demanda t-il en levant les yeux vers Deunan.

Ceux-ci croisèrent le regard de la jeune fille, mais s’arrêtèrent plutôt à fixer les cheveux de la jeune fille. Bien entendu, Léo se doutait de la réponse de Deunan, c’était la façon la plus facile qu’il avait vue pour entendre parler Deunan de la Terre sans que celle-ci se pose des questions si elle était nouvelle.

[ Trop gentil ]

Deunan vit la main du garçon qui semblait resté bien accrochée au chien. Deunan ne s'en occupa pas plus que ça. Après tout, n'importe qui dans sa situation aurait fait la même chose. Elle avait bien vite compris qu'il n'aurait servi de continuer à approcher du garçon, si ce n'est que l'effrayer. Tandis qu'elle se demanda combien de temps il se méfierait d'elle, elle vit un sourire éclairer le visage du garçon. Au moins, il avait un peu plus confiance qu'avant... Les quelques pas qu'il fit après le prouva encore plus. Et la main qu'il lui tendit, elle, n'avait plus rien à prouver. Deunan sourit aussi, d'un sourire invisible à la personne devant elle, et lui saisit la main, qu'elle serra franchement, mais doucement.

Elle n'avait même pas remarqué que la main était un peu décalée, tellement elle se réjouissait de la nouvelle confiance du garçon. Enfin, au moins, il osait à peu près l'approcher. Mais cela sembla bizarre à Deunan. D'après le peu qu'elle avait vu de cet endroit, c'était plutôt paisible, comme dans les "happy end" américaines. Elle n'aurait jamais cru que quelqu'un se méfie d'une autre personne ainsi. N'avait-elle pas tout découvert de cet endroit ? S'il lui restait des choses désagréables à découvrir, elle préférait prendre tout son temps pour en prendre connaissance.

Après avoir laché la main de Léo, et avoir bafouillé un bref "enchantée", elle se rebaissa pour caresser le chien, signe de bienvenue également. Après quelques secondes de caresses avec le chien, Deunan se redressa tant bien que mal, et se remit drite, face à Léo. Elle prit son temps pour répondre, se demandant si on pouvait dire ca ou pas. Après tout, elle espérait rentrer... Mais s'il n'y avait aucun moyen de retourner chez elle, alors oui, c'était comme si elle habitait içi.

"Je viens d'arriver..." se contenta-t-elle de dire.

Elle vit alors les yeux du garçon se fixer au niveau de ses cheveux. En temps normal, regarder quelqu'un comme ca, c'était quand la personne avait quelque chose de gênant dans les cheveux. Machinalement, la jeune fille leva la main à la tête, et s'ébouriffa les cheveux rapidement, avant de se trouver affreusement stupide et limite impolie.

La poignée de main qu’ils échangèrent rassura Léo. Peut-être n’était-elle pas du genre à adopter un comportement trop faux envers lui, à cause de son handicap. Et puis, il fallait bien donner une chance aux gens quand même… Le jeune homme sentait que l’atmosphère était beaucoup moins tendu qu’auparavant. En ce qui le concernait, il n’éprouvait plus de doutes ou de méfiance quant aux intentions de Deunan.
Lorsque la jeune fille se mit à caresser le chien, Léo fronça légèrement les sourcils. Quand Iris était déconcentré, Léo avait presque l’impression de perdre l’équilibre. En fait, il se sentait un peu moins confiant. Mais il n’avait rien à dire contre le chien, celui-ci ne portait pas son harnais après tout… Lorsque Deunan se redressa, Léo tenta de cacher son malaise et lui sourit à nouveau. Sa main gauche s’agrippa fermement au chien par contre, qui lui ne bougeait pas. Le regard de Léo était devenu quelque peu plus mobile.
Deunan n’avait répondu que trop simplement à la question de Léo. Celui-ci hésita à insister. Peut-être n’était-elle pas à l’aise sur le sujet. Après tout, peut-être venait-elle d’apprendre qu’elle ne pourrait jamais retourner chez elle…
Léo se retourna, à l’aide d’Iris, et se dirigea vers le buisson qu’il avait laissé quelques minutes plus tôt. Tout en s’y dirigeant, il continua à parler à Deunan.

"Ca fait un an que j’habite ici."

Il se pencha et tapota le sol à la recherche du harnais, qu’il trouva rapidement. Ensuite, il l’installa sur le chien, qui se laissait docilement faire. On voyait par les gestes du garçon qu’il avait exécuté cette manœuvre plusieurs fois. Une fois le harnais attaché, Léo ramassa également une poignée de petits fruits qu’il avait laissés là, dans une feuille. Il se leva, agrippa le harnais, et se redirigea vers la jeune fille. Il marchait de façon beaucoup plus sûre à présent. Une fois près de Deunan, il tendit les petits fruits vers elle.

"C’est bon. T’en veux?"

Deunan, sans doute plus difficilement que Léo, se sentit de plus en plus à l'aise. Même si une gêne persistait, elle hésitait beaucoup moins qu'avant à parler. Elle regarda le garçon se diriger calmement vers les buissons, se demandant tout de même ce qu'il allait faire. Elle le vit resortir un harnais, et se trouva soudainement bien stupide pour s'être demandé ce qu'il cherchait. C'était évident qu'il avait quelque chose de ce style, et vu qu'il était sorti des buissons... Enfin bref, heureusement que Léo était aveugle, si on pouvait dire ça, parce que, au moins, il ne la voyait pas rougir de s'être montrée aussi curieuse.

La jeune fille avait des centaines de questions à poser à Léo, mais le peu de politesse qu'il lui restait, surtout face à un handicapé l'empêchait d'en poser la moitié. Même si la plupart était à base de "Ca fait quoi d'être aveugle ?" et de "Depuis combien de temps l'es-tu ?". On avait toujours dit à Deunan que parler aux infirmes de leur handicap leur faisait du bien, plutôt que de se priver et les regarder comme des bêtes sauvages... Mais là, Deunan ne pouvait s'empêcher de se taire face à ce bout de garçon privé de la vue.

Alors comme ça, cela faisait un an que Léo habitait içi.. Un an qu'il n'avait sans doute pas vu les gens qu'il aimait... Comment avait-il survécu ? Deunan, elle, mourrait au bout de deux jours sans ses fouteurs de troubles, à l'orphelinat, alors lui, comment pouvait-il supporter de rester plus de douze mois sans les personnes de l'autre monde ? Sans la perspective de revenir chez lui... Deunan préféra se taire et prit un des fruits qu'il lui tendait :

"Oui, merçi..."

Elle en engloutit un dans la bouche, et resta silencieuse...

C'est qu'elle était silencieuse la Deunan! Mais Léo s'en fichait. Si elle venait d'arriver, c'est qu'elle devait encore avoir la terre fraîche en sa mémoire, et tous ces gens... Peut-être préférait-elle éviter le sujet pour le moment, et avec raison. C'était quand même pas la première fois que le jeune aveugle avait à subir les comportements gênants des gens. En fait, ils ne l'étaient plus tellement, pour lui. Il préférait tenter de rire de ce mutisme qu'il évoquait aux gens plutôt que d'en pleurer!

"T'es muette ou quoi!?!" demanda t-il en riant.

Ben oui quoi, elle avait dit que quelques mots qui en fait ne faisaient que répondre aux questions de Léo.
Sans avertir, le garçon toucha Deunan du bout des doigts, sur son bras et descendit le long de celui-ci jusqu'à atteindre sa main, qu'il aggrippa avec fermeté, mais pas trop quand même. Il leva la main de Deunan et y déposa la poignée de petits fruits. Le geste c'était fait rapidement, confiant et avec contrôle.

"J'ai plus faim, j'te les donne." dit-il nonchalamment.

Décidément, il devrait faire des efforts s'il voulait la décoincer un peu.

"T'as des questions?" demanda t-il en grimaçant un peu.

"C'est que tu parles pas beaucoup et j'me disais que t'étais peut-être pas bien..."

Léo se reprit, constatant le double sens de ses mots.

"Pas dans ta tête mais, pas bien en ce moment. Y'a quelque chose qui va pas? Peut-être que j'peux t'aider. C'est moi le problème peut-être?"

Léo avait dit tout ça avec simplicité. Il n'était pas d'humeur à tourner autour du pot bien longtemps et puis la situation ne pourrait que s'améliorer en étant franc, selon lui.

Deunan sourit timidement quand le jeune garçon rit. Elle ne s'était jamais sentie aussi gênée. Pourquoi l'était-elle devant lui ? Il n'était encore qu'un garçon.. Aveugle, certes, mais il restait un garçon. Deunan se rendit alors compte du ridicule de sa situation et rigola, doucement. Mais elle ne dit rien. En même temps, elle n'eut pas le temps qu'il lui attrapait la main. Au début, Deunan se demanda pourquoi, mais elle sentit bien vite les fruits lui tomber entre les doigts. Elle les reserra bien vite pour éviter de perdre la nourriture et mangea l'un des fruits. Elle murmura un "merçi" et n'eut pas le temps de dire autre chose que le garçon enchainait encore ces questions. Deunan savait, maintenant, ce que cela faisait d'être assaillie de questions. En temps normal, c'était elle qui n'arrêtait pas de parler, mais là...

Elle avait énormément de questions, mais la plupart étaient "imposables". Elle se contenta de hocher la tête, bien que Léo ne le voie pas. "C'est que tu parles pas beaucoup et j'me disais que t'étais peut-être pas bien..." Là, par contre, elle ne put s'empêcher de rigoler. Tout semblait si simple pour le garçon... il était si franc et sincère qu'on n e pouvait s'empêcher de l'être à nouveau à son égard.

"Non, non non non, je n'ai aucune question... Enfin, si, quelques unes, mais elles peuvent attendre ! Et je vais très bien !"

Dit-elle avec une légère pointe d'ironie sur la fin. Décidément, ce garçon était plutôt gentil. Il n'avait aucun problème. Deunan se décida denfin à parler, pour éviter à Léo de devoir refaire 15000 monologues parce que Deunan ne parlait pas.

"Tu n'as pas de problème... C'est juste que... Enfin bon, on s'en fout en fait ! C'est juste que j'avais.. jamais... rencontré de personnes aveugle"

Elle enchaina la fin de sa phrase à toute vitesse, comme si le fait de le dire vite pouvait faire oublier après avoir prononcé les mots qu'ils l'avaient été. Elle se sentit encore les joues chauffer et se gratta la nuque, gênée.

Quel soulagement de l'entendre rire un peu! Léo sourit de plus bel. Bon alors les questions pouvaient apparamment attendre. Voilà qui était bien. Enfin, le mieux, c'est qu'elle l'avait DIT. Au moins, elle n'avait pas été trop difficile à dégêner. Léo en avait connu des pires, dont certains qu'il n'avait même pas encore dégênés! Certains l'évitaient. Mais il se disait que ce n'était pas de leur faute... Fallait leur pardonner. L'inconnu fait toujours peur et Léo représente tout qu'un monde de l'inconnu!
Elle disait qu'elle allait bien... Là, Léo doutait. Et puis sa sonnait drôle quand elle l'avait dit, mais pendant qu'elle semblait au moins aller mieux, il fallait entretenir cet état! Selon les dires de Deunan, ils étaient deux jeunes bien normaux et sans problèmes. C'était plutôt amusant comme interprétation...
La dernière phrases de Deunan arracha un :

"Aaaaah! vooooiilà!"

à Léo.

Bon, le gros morceau était sorti. Sa serait facile, après. La première chose qu'il se prit à penser, c'était aux joues de Deunan. On lui avait parlé de joues rouges. Il l'entendait constamment. Il s'était toujours demandé si c'était chaud aussi! Rouge, pour lui, c'était chaud. Sans réfléchir, enfin, le moins possible, il tendit un main vers le visage de Deunan. Il arriva à son oreille. Il étala ses mains sur sa joue et les retira rapidement. Finalement, c'était moyen comme résultat... Et maintenant, c'est lui qui se sentait devenir rouge!
Tout en se grattant la nuque à son tour, il entreprit de s'expliquer.

"Excuse-moi! Je voulais voir si c'était chaud, le rouge... Tu vas avoir peur des aveugles si je continue comme ça! Mais t'inquiète, c'est que je suis un peu trop curieux des fois..." conclut-il en souriant en coin.

C'était le temps de changer de sujet maintenant! Vite, vite!

"Alors, t'as rencontré des gens à Fukeru?"

Deunan remarqua le sourire de Léo, et y répondit par un sourire franc, mais invisible au garçon. Elle émit même un petit rire à son "Aaaaah! vooooiilà!". Au moins, elle lui avait fait comprendre ce qui la gênait, même s'il ne pouvait rien y faire... Elle sentit ses joues refroidir et s'en félicité intérieurement. Au moins, si quelqu'un la voyait maintenant, elle avait une teinte à peu près normale. Elle allait répondre quelque chose quand elle sentit la main du garçon près de son oreille, puis descendre sur sa joue. La chaleur qui s'était agglutinée dans ses fossettes, et qu'elle avait réussi à faire partir était apparemment revenue en triple. Elle se sentit devenir aussi rouge qu'une tomate, et encore, cette dernière aurait limite pu être jalouse.

Alors qu'elle se demandait ce qu'il faisait, Léo retira sa main, et s'excusa. Il était sans doute devenu aussi rouge qu'elle; si c'était possible. Si c'était chaud le rouge ? Comment pouvait-il savoir qu'elle rougissait ? A croire que tout le monde, même les aveugles le sentaient, tellement elle était gênée dans ces moments-là ! Elle bredouilla un bref "C'est pas grave", préférant également changer de sujet.

"Des gens... Hummm... Oui... La gérante de la Licorne, et un homme, c'est tout... Et toi ?"

(Désolée si c'est court... C'est à cause de l'heure XD)

Ouah! Le malaise qu'il avait réussit à créer, le petit Léo! Mais c'était pas grave. En plus, il avait deviner un peu la forme du visage de Deunan. C'était tout doux, tout harmonieux. C'était beau, Deunan devait être belle... Ce qu'il aimait les belles choses, et avec raison! Petit, il adorait flatter les fleurs du bout des doigts et les sentir. Souvent, il s'endormait dans le jardin de sa mère, tout près des fleurs. Les chenilles aussi avaient toute son attention. Elles étaient toute velues et grouillaient tout le temps. Mais ce qui fascinait le plus longtemps Léo, petit comme grand, c'était les visages. Tant de détails et de changements sur une surface si limitée...
En tous cas, une chose était claire, Deunan n'était pas sauvage.

"Oh! Oui! Je connais la gérante de la Licorne, Althéa! Elle est gentille. Je fais la cuisine à l'auberge des fois. Tu viendras avec moi!"

Il pouvait se permettre de faire des projets, il avait Deunan avec lui pour toute la vie! Pour l'éternité, en principe.

"C'est qui l'homme que t'as rencontré? Je le connais peut-être! Je connais presque tout le monde ici. Les habitants de Fukeru sont en général très gentil, surtout Saki. Althéa aussi est gentille. Elle a du caractère, c'est tout qu'un bout de femme!"

Léo souriait, tout content de parler des gens qu'il connaissait. Ces gens qui l'avaient accueillit et accepté parmi eux comme un des leurs. Il s'était fait des amis, et continuait de s'en faire, avec les arrivées des disparus. C'était bien, pour ça, vivre à Fukeru.

Deunan écouta Léo avec attention. Il était presque plus bavard qu'elle. Etant donné que c'était rare, de trouver quelqu'un qui parlait autant, et qui ne lui disait pas de se taire, elle en profita pour parler tout autant. Au moins, lui il appréciait la discussion. Les autres enfants, de l'orphelinat, étaient juste bons à faire des bétises, mais n'étaient pas vraiment partisans pour parler, de choses et d'autres... Deunan, elle, pouvait passer d'un sujet à un autre d'une façon incroyable. Ca pouvait aller de la guerre, à l'école, en passant par les voyages et la nourriture. Bref, elle avit la langue bien pendue... Et la, elle avait l'occasion de parler pendant des heures, si Léo supportait de consommer autant de salive que nécessaire.

Alors comme ça, la femme, Althéa, une des premières personnes qu'elle avait rencontré après William était la gêrante de la Licorne ? Après tout, c'était simple à deviner, elle avait viré tout le monde en un clin d'oeil, et apparemment, c'était elle qui s'occupait de la taverne. Mais Deunan n'avait pas vraiment eu l'occasion de lui parler, et elle ne pouvait pas tout savoir. Léo lui dit ensuite qu'il cuisinait avec elle. C'était la première fois qu'elle apprenait qu'un aveugle pouvait cuisiner. Mais après tout, ce n'était pas si compliqué que cela... Il fallait juste se fier aux bruits et aux odeurs... Deunan, elle, n'avait jamais cuisiné. Enfin, si, une fois en fait, où on lui avait permis de préparer le repas du soir, mais elle avait tout brulé, casser de la vaisselle, inondé la cuisine et renverser des boissons et du sel partout.

Après cela, on lui avait prié de ne plus jamais approcher la cuisine, même si elle ne se gênait pas la nuit d'aller voler quelques petits trucs. C'est qu'elle avait faim la Deunan ! Et puis, en pleine croissance, c'était important de manger ! Enfin, même si Deunan s'en fichait pas mal de sa croissance, c'était du moins son excuse favorite quand elle se faisait attrapée (c'est-à-dire presque tous les soirs).

"Euh.... D'accord si tu veux ! Mais il serait mieux que je n'approche pas trop de la cuisine..."

Elle parla d'un ton hésitant, indiquant clairement qu'elle n'était pas douée, puis se reprit. Ce n'était pas vraiment une facçon de parler, que d'indiquer tout de suite ses incompétences (qui, dans le cas de Deunan étaient vraiment nombreuses). Léo parla ensuite de William. Elle ne l'avait pas revu depuis la dernière fois en fait... Et même si elle s'empêchait d'y penser, ce sale caractère lui manquait quand même. Aussi têtu et coléreux qu'elle, c'était difficile à gêrer, mais Deunan aimait bien sa présence, même quand ils ne se parlaient plus. Elle se demanda alors ce qu'il était devenu. Il faudrait peut-être qu'elle prenne de ses nouvelles...

"Il s'appelle William... Il est arrivé en même temps que moi, il est Anglais... Ca te dit quelque chose ?"

Elle n'avait presque pas écouter la fin de la phrase de Léo, trop intéréssé par William. Après tout, c'était de son "devoir" que de s'assurer qu'il allait bien. Elle s'en voulu de laisser déborder de l'espoir dans sa voix, et se tut tout de suite après, rougissant encore une fois. Décidément, ce brin de bonhomme la mettait trop souvent dans des situations mal à l'aise.

Décidément, les choses allaient de mieux en mieux. Léo comme Deunan semblaient se dégênés. Iris lui, s'était assis près de son maître. Il ne comprenait pas grand chose et puis lui ce qu'il l'intéressait, c'était principalement : manger et jouer. La réponse de Deunan à son invitation à la cuisine réjouit Léo. D'accord il était assez facile à rendre heureux, mais quand même. Et puis le garçon aimait beaucoup Deunan. Il ne la connaissait pas beaucoup, mais suffisament pour l'apprécier. Il s'imaginait déjà aller à la cuisine avec elle et lui montrer comment faire ça et ça et tel plat. Qui sait, il pourrait même lui enseigner le piano! Après tout, ils avaient l'éternité devant!

Par sa façon de parler, Léo devina que Deunan était plus vieille que lui. Cela faisait un an qu'il était à Fukeru, ou presque, et on lui avait dit que les enfants continuaient de grandir jusqu'à un certain âge. Léo espérait qu'il n'avait pas fini de grandir. Mais depuis longtemps, il n'avait pas prit un centimètre. Il tentait de se rassurer en se disant que souvent, les garçons avaient d'importantes poussées de croissance un peu plus vieux. Il attendait...

Cocasse peut-être, le jeune homme en herbe se mit a songer à ses "problèmes" de croissance alors qu'il se trouvait avec Deunan. C'est qu'elle allait peut-être se tanner de lui s'il était pas assez grand et fort."Euh.... D'accord si tu veux ! Mais il serait mieux que je n'approche pas trop de la cuisine..."

"J'te montrerai, t'inquiète!" dit-il en souriant.

Apparamment, elle l'aimait bien, ce William. Léo haussa un sourcil.

"Hmm... William hein... "

Il fit mine de réfléchir un peu, question de la faire attendre... En réalité, il en avait entendu parler un peu, par les villageois. On disait que c'était un disparu blessé, qu'il venait d'un monde de pirates avec des armes qui crachaient le feu et qu'il avait reçu une boule de feu dans le ventre. Léo savait bien qu'ils parlaient de balles, mais il n'en disait mot. Il n'était plus sur la Terre maintenant, et l'idée que l'arme à feu n'existait pas ici lui plaisait.
Bon, bon, bon, William...

"Mouais, j'en aie entendu parler un peu... Des bribes de conversations. Tout ce que je sais, c'est qu'il était blessé, mais pas encore mort. "

Léo parlait vaguement, comme si le sujet n'était pas tant intéressant.

"Ah! et, on m'a dit qu'il était sorti pour la première fois depuis des jours aujourd'hui."

Il ne mentionna pas que les jeunes filles du villages avaient dit qu'il était plus beau qu'un elfe du soleil et plus musclés qu'un elfe aquatique. Alors la, elles avaient surement exagéré.

("Il ne mentionna pas que les jeunes filles du villages avaient dit qu'il était plus beau qu'un elfe du soleil et plus musclés qu'un elfe aquatique" Ca m'a bien fait rigoler ça, menfin XD)

Le fait que Léo songeait à montrer à Deunan la cuisine, et tout ce qu'il s'y faisait d'à peu près d'intéressant réjouit Deunan. Contrairement à l'autre monde, on ne la chassait pas des cuisines, mais au contraire, on l'y invitait. Une preuve de plus que tout était différent entre sa vie d'avant et celle de maintenant. Apparemment, la plupart des personnes içi ne jugeaient pas directement, ou du moins, les personnes que Deunan avait rencontrés n'agissaient pas de la sorte. Léo avait pris le temps de lui parler, et de l'inviter içi ou là, Althéa s'était occupée d'elle, et William.. Bon, lui, il était un peu différent, il venait d'arriver, et il était bléssé, donc Deunan ne pouvait pas vraiment savoir... Rien que la perspective que les gens soient tous aussi gentils les uns que les autres réjouit Deunan. Appremment, elle n'avait plus à se "cacher" de ne pas avoir de parents...

Deunan rougit encore plus quand Léo haussa les soucils. Oui, oui, William. Pourquoi avait-il parlé comme ça ? En fait, Deunan le savait très bien, il la faisait languir, mais elle décida de ne pas rentrer dans son jeu. Après tout, elle ne faisait que prendre des nouvelles... La jeune fille patienta quelques secondes, puis commença à trépigner d'impatience quand Léo la fit trop attendre (plus de dix secondes en fait). Elle cacha son impatience, ne voulant pas donner d'armes à Léo pour se moquer d'elle, ou la taquiner, et prit son mal en patience.

Quand Léo daigna lui répondre, elle soupira de soulagement. Au moins, il était pas mort. Rien que ces quelques mots enleva une crampe qui habitait le ventre à Deunan depuis son arrivée. Elle savait très bien que, sans le vouloir, elle se serait sentie coupable s'il lui arrvait quelque chose. Alors, le savoir vivant, ca la réjouissait plutôt qu'autre chose. Elle ne fit pas attention au ton désinteréssé de Léo et se jeta sur la dernière nouvelle. William était même sorti de sa chambre, avait marché.. Décidément, il allait vraiment bien. Il ne restait plus qu'à Deunan de décider ce qu'elle avait faire maintenant qu'elle le savait en bonne santé. Partir comme elle l'avait prévu, où rester içi, à attendre que les jours passent jusqu'à une mort qui n'arriverait sans doute pas dans les cents prochaines années.

En regardant Léo, elle réfléchit. Après tout, même si l'orphelinat lui manquait (façon de parler, ce n'était pas vraiment le bâtiment qui lui manquait mais le contact avec les autres enfants), la vie içi semblait tranquille... Peut-être allait-elle enfin avoir l'occasion de vivre tranquillement, à l'abri de tout ce qu'elle avait toujours redouté : devoir aller dans le monde réel, et affronter des familles entières, heureuses ensemble. En fait, c'était aussi l'une des raisons qui poussait Deunan à ne pas trp s'aventurer loin de l'orphelinat : elle était assez malheureuse comme ça pour encore retourné le couteau dans la plait... Non, elle allait peut-être resté içi... Il fallait encore qu'elle réflechisse un peu... Après une minute de silence, elle se décida à parler :
"Ca me rassure... Au moins, il va bien !! "

Elle soupira encore une fois, puis remarqua pour la première fois le vent qui lui donnait des frissons depuis quelques minutes déjà. Il devait y avoir une légère brise, et les arbres ne fisaient que l'accentuer et refroidir les horizons du bois. Elle se frotta les bras puis sourit :

"Euh... Si on y allait maintenant ? C'est que jme les caille moi..."

Bah dommage, Deunan n'avait pas marché. Au fond, plutôt tanmieux! Alors elle s'intéressait pas trop à ce William. Enfin, pas assez pour qu'il la taquine ou pour qu'il veuille en savoir davantage sur ce disparu à la noix. Il y eut un temps de silence. Léo n'avait pas peur du silence et surement Deunan non plus. Voilà qui était bien. Le garçon n'aimait pas être avec les gens qui s'arrangeaient toujours pour avoir quelque chose à dire, intéressant ou pas, seulement pour combler le vide qui en fait, n'était qu'une pause pour la bouche et une récréation pour le cerveau!
Léo se mit à caresser la tête de son compagnon canin, qui avait fermé les yeux, question de faire la sieste assis.

"Ouais, il va bien, il est entre bonnes mains...Althéa elle sait s'y prendre avec... les blessés. "

Il se retint de dire : "Avec les grosses têtes comme lui." Plutôt que ce qu'il avait dit. S'aurait été méchant. Léo n'était pas méchant, non non.
Lorsque Deunan se frotta les bras, le garçon, bien qu'aveugle, réagit aussitôt et se préparait déjà à partir. C'est vrai qu'il ne faisait pas chaud chaud par ici. Il n'y avait qu'Iris qui était bien.

"Althéa est sortie tout à l'heure. Je crois qu'elle est allée rejoindre ton ami..." ajouta t-il avec un sourire en coin.

Ce qu'il pouvait être tannant quand il le voulait!

"Mais on va chez moi si tu veux! C'est pas très loin, j'te montrerai ma chambre et on mangera un peu si t'as faim, moi j'ai faim..." fit-il en se frottant le ventre.

Cette idée du siècle l'enchantait, c'était évident. Léo adorait amener des amis chez lui, et c'était assez rare alors lorsqu'il en avait la chance, il sautait dessus. Iris avait ouvert les yeux, sentant que Léo était plus mobile... S'il avait pensé en français il aurait sûrement songé: Bon, le ptit s'énerve...
Et oui, le ptit s'énervait bel et bien, mais tout en tentant de contenir son apparent enthousiasme, pour ne pas faire peur à Deunan quand même!

"Viens!"

Léo entreprit de marcher en direction du village, Iris à ses côtés.

"Tu vas voir, j'ai un piano! J'te jouerai de la musique. Tu peux chanter peut-être? Ou danser! Sa pourrait être bien!" dit-il en riant.

Deunan écouta Léo avec un sourire. Apparemment il avait compris comment l'embêter. Mais bon, il pouvait dire ce qu'il voulait, elle ferait comme si de rien n'était. Après tout, même sans qu'elle ne fasse rien paraitre, il la taquinait presque (ou du moins c'était l'impression qu'il lui donnait) alors pourquoi montrer ce qu'elle pensait et encore plus se faire charier ? " Je crois qu'elle est allée rejoindre ton ami..." Deunan remarqua très bien le petit sourire qu'il eut à ce moment. Non mais qu'est-ce qu'il croyait ce bonhomme ? Il essayait de faire quoi là ? Chacun était libre, non ? Si William et Althéa voulaient se balader, c'était leur droit.. Elle se décida à répondre, pour éviter qu'il ne croit n'importe quoi...

"Ah ben tant mieux, au moins, il ne risque rien, hein ?"

Deunan ne voulait pas vraiment déranger Léo chez lui. Après tout, comme il le disait, c'était chre lui, et elle ne voulait pas l'embêter là-bas, ni s'incruster... Mais elle ne pouvait pas refuser. Il semblait si content de l'inviter. Il avait apparemment déjà organisé tout le reste de leur journée. Manger, Faire de la musique, chanter, peut-être même danser... Et il disait ça avec tant de simplicité et de joie que personne n'aurait osé contrarier de garçon. Après tout, il ne devait pas s'amuser souvent... Deunan commencça donc à marcher à ses côtés, souriante également :

"D'accord... Tu fais du piano ? Moi j'en ai jamais approché un de ma vie ! C'est dur ou pas ? Tu pourras m'apprendre un peu ? Par contre, je sais pas chanter ! Enfin, j'ai jamais essayé quoi ! Ni danser ! Mais bon, on verra ! Et oui j'ai faim !"

Elle sourit encore plus en remarquant qu'elle parlait aussi vite qu'avant, et continua à marcher.

Ben vraiment elle avait une tête sur ses épaules la mademoiselle Deunan. Léo était parfois taquin, mais il se tannerait sûrement. Enfin, peut-être...un jour. Non mais c'est qu'il était inquiet de perdre sa nouvelle amie. Les enfants du village n'étaient pas tous très gentils avec lui. Surtout ceux de son âge. Léo était souvent plus mature qu'eux et puis soit ils se tannaient d'avoir à l'attendre dans leurs jeux, soit c'était lui qui se tannait de se sentir comme un boulet. En plus, les enfants ne se gênaient pas pour lui dire qu'il en était vraiment un.
Les premières fois, les enfants avaient voulu jouer avec le chien, le flatter, courir avec lui etc. Léo leur avait expliqué que si Iris jouait, alors lui il aurait du mal à jouer. Il leur avait dit qu'il avait besoin d'Iris pour se déplacer. Les enfants avaient tous, ou presque, songé : Ben alors laisse-nous le chien et reste dans ton coin. Heureusement, ils avaient été assez polis pour ne pas dire tout haut ce qu'ils pensaient, mais c'était pas toujours comme ça...
Alors voilà, Léo serait tout fier de rentrer au village avec Deunan, SON amie. Et en plus, Deunan, c'était une grande. Les filles de son âge ne jouaient pas avec Léo. Au début, elles l'avaient approché et s'étaient même tenues avec lui, mais quand elles avaient sut son âge... Il avait prit le bord!
"Ah ben tant mieux, au moins, il ne risque rien, hein ?"

"Oh! Non! Althéa, c'est la meilleure garde du corps que tu pourrais avoir!" (S'il savait...)

Deunan marchait avec lui, quelle joie! En autant qu'elle s'amuse aussi. Il faudrait pas l'ennuyer quand même, ou pire, la tanner.

"J'te montrerai à jouer du piano et on jouera des morceaux à quatre mains! C'est facile la musique... Mais faut pratiquer beaucoup pour devenir bon. J'ai dût passé autant de temps sur un banc de piano que dans mon lit!
Puis chanter ben, sa devrait pas être un problème. T'as sûrement une jolie voix. Quand tu chantes pas t'as une jolie voix alors j'imagine quand tu chantes!"

Léo parlait avec toute simplicité. Il complimentait Deunan, mais ce n'était pas le but de ses paroles. Il parlait technique la.

"Des fois je danse, mais c'est jamais joli. Les gens rient. Alors faut que je tienne quelqu'un quand je danse. En plus je tombe souvent. Iris aime pas trop danser tu comprends... Les filles sa danse bien." finit-il en haussant les épaules.

"Y'a une tarte aux petits fruits chez moi! C'est la voisine qui l'a faite."

Deunan sourit à la remarqua de Léo : "c'est la meilleure garde du corps que tu pourrais avoir". C'était vrai qu'elle ne s'était pas faite prier pour débarrasser la Licorne des gênants, quand elle avait soigné William. Apparemment, elle était respectée (ou crainte, ca dépend...) donc il ne devrait pas y avoir de problèmes... Ou du moins Deunan le souhaitait. Elle continua à marcher, les pensées ailleurs (on ne dira pas où =3), jusqu'à ce que Léo reprenne la parole. Pour le piano, en espérant qu'elle ne le casse pas, si c'était juste une question de technique, ça devrait aller.. Même si elle n'en avait jamais fait, elle pensait toujours qu'appuyer sur les touches n'était pas bien difficile... Deunan comprenait que Léo fasse du piano. Elle avait souvent entendu parler de musiciens aveugles. C'était leur façon à eux de voir, sans doute. Elle avait même entendu dire que certains se créaient un monde avec leur musique...

Même si elle ne vivait pas comme les aveugles, elle comprenait très bien qu'ils aient besoin de quelque chose de "normal", si on pouvait dire comme ça. Quelque chose qui les assimilait aux autres, leur rapelait qu'ils étaient humains et bien capables de faire les mêmes choses que les voyants, içi la musique. Elle, elle avait souvent besoin de se rapeller qu'elle avait une famille, même si elle ne s'en était rendue compte qu'arrivée à Fukeru... Trop tard en fait... Elle avait encore trop de choses à dire aux orphelins pour refaire une vie içi. Quand le garçon parla de la voix, par contre, Deunan ne put s'empêcher de rigoler doucement. Une jolie voix ? On ne lui avait jamais dit... Et elle n'y avait jamais réfléchi. Après tout, ce n'était pas ça qui allait l'empêcher de dormir ! Elle murmura un bref "merçi", se demandant si Léo disait ça comme un compliment ou une chose banale, de tous les jours.

Par contre, aux dernières phrases du ptit bonhomme, elle ne put s'empêcher de rigoler. Ce n'était pas méchant, mais c'était juste le fait qu'Iris n'aime pas danser qui la fit sourire. C'était normal, c'était un chien !

"Hum... Excuse-moi... Je suis désolée... C'est juste que...euh... ben Iris n'est pas vraiment fait pour danser ! Mais moi je veux bien danser avec toi ! Même si je sais pas super bien danser, je me débrouille ! Et pour le piano, je suis préssée d'arriver ! C'est dur ? Tu connais des chansons bien au piano ?"

Elle réfléchit alors et se rapella une chose. William était habillé comme quelqu'un de l'ancienne Angleterre. Peut-être que les personnes içi ne venaient pas toutes de la même époque ! D'où venait Léo ? Connaissait-il les musiciens que Deunan connaissait ? Si ca se trouvait, il venait du Moyen-Age ! Non, il DEVAIT connaître Beethoveen ! C'était obligé ! Elle le regarda, hésitant à demander, puis posa la question :

"Tu viens d'où ? Je veux dire... Avant d'être içi ! Tu vivait où ? Et quand ?"

Léo avait hâte de prendre place sur son banc de piano et d'enfin poser ses doigts sur le clavier. Il pourrait vraiment transmettre cette excitation, cette joie, quelque part. Il allait faire une overdose la! Le piano lui permettait de canaliser ses sentiments, de les exprimer d'une façon qui lui semblait beaucoup plus claire. Les paroles, ce n'était aps naturel pour Léo. La musique par contre, exprimait les émotions de Léo à la perfection. C'était comme le traducteur de son âme.

C'est qu'il se réjouissait de petites choses, monsieur Dukas. Mais depuis quelques temps, Léo s'était senti un peu seul... Abandonné. Il se demandait s'il serait toujours le gentil petit disparu aveugle, à Fukeru. Il lui sembla alors que l'éternité serait longue. Mais ce n'était plus pareil maintenant! (Déjà en fait...) Parce que Deunan avait débarqué, et qu'elle était sympa avec lui.

OUUUAAAIS! Elle voulait danser avec lui! Mission accomplie! Haha, mais non quand même... Tout de même, Léo était bien heureux la! Il n'aurait plus à se pratiquer avec un balai. Il y avait des fêtes parfois, au village, et puis les garçons et les filles dansaient ensemble, c'était un classique. Mais le jeune aveugle n'osait pas prendre son courage à deux mains (plus s'il en avait davatange!), lâcher le harnais d'Iris et aller demander à une fille pour danser. C'est qu'il était mal parce que, si c'est lui qui guidait, il risquait de les faire foncer dans les autres. Il devait se concentrer, mais quand tu tiens une fille dans tes bras, c'est encore plus difficile. Léo avait abandonner la danse en couple, question de ne pas tuer personne...

"Le piano!?! Ben sa dépend pour qui... Certaines personnes sont des naturelles. Ma mère disait que je suis né avec un piano dans les mains. J'ai commencé j'étais tout jeune. Je dois beaucoup à la musique. C'est grâce à elle que mes parents et moi, on s'est réunis. À partir du jour où j'ai commencé à jouer du piano, on est devenu une famille..."

Cela faisait étrange, de parler d'avant... De sa famille, de sa maman. Sa maman qui était si loin, qui l'avait oublié, son petit génie. Léo sourit, timidement.
Faudra commencer par la base. Connaître les notes, faire des gammes, des petites chansons simples... Et alors tu pourras rapidement jouer aussi bien que moi!
Ok alors la, il exagérait... L'enthousiasme...!

Ca faisait longtemps que quelqu'un lui avait demandé il venait d'où et de quand. Léo n'y avait pas pensé... Il n'y pensait plus, en réalité, mais s'en souvenait toujours!

"Je viens du Canada, de Cowansville. Mais j'ai grandi au Lac Brome. Un joli village près d'un lac... J'adore le Lac Brome. Je suis né en 1993 alors quand je suis disparu, on était en 2005 ou 2006 je sais pas trop."

Deunan jeta un coup d'oeil furtif, hésitant, vers Léo et vit qu'il était vraiment content. Etait-ce pour la musique ? Après tout, cela ne gênait pas Deunan d'apprendre à faire du piano, au contraire ! Elle aurait au moins quelque chose à montrer aux gens ! Etait-ce pour la danse ? Si c'était ça, Deunan s'était peu-t-être avancée trop vite. Elle n'avait pas souvent danser, juste quand elle sortait en pleine nuit avec les enfants de son âge, allumait la musique dans les cuisines et faisait la fête avec nourriture et boisson à volonté. Et puis, ce n'étaient pas de la danse vraiment ordonnée, il suffisait juste de bouger de partout en gesticulant n'importe comment et ça allait très bien. Elle hésita à lui dire qu'elle ne savait elle-même pas danser parfaitement, mais Léo était une
des personnes qu'elle ne voulait pas contredire et se retint de briser ses espoirs.

Quand Léo parla de famille, par contre, elle se retint définitevement de parler. A ce moment-là, sans le vouloir, elle avait envie de le briser, de lui dire qu'elle ne ferait pas de piano, ne danserait, le lacherait quand ils rentreraient. Après tout, il avait tout eu apparemment dans l'autre monde, il pouvait bien souffrir un peu içi, non ? Deunan, elle, devait souffrir dans les deux mondes ? Non, décidément, elle ne serait pas la seule à souffrir içi ! Il fallait qu'elle voie quelqu'un de malheureux également... Elle était là à ruminer ses pensées quand elle se pinca. Elle n'avait même pas remarqué qu'elle s'était pincée. Pourquoi s'était-elle pincée ? Elle ne l'avit même pas commandé . Elle releva la tête et regarda le petit garçon si heureux à côté d'elle. Non, il ne fallait pas le faire souffrif. Il ne voyait pas, lui aussi souffrait à sa manière !

Deunan regarda ses mains, comme si elles pouvaient lui expliquer. Pourquoi s'était-elle pincée ? Pour se ramener à la raison ? Elle avait maintenant honte d'avoir pensé faire du mal à Léo. Elle commença à s'en vouloir de ne pas comprendre et de ses pensées malsaines quand Léo lui répondit. Il était canadien, et était né en 1993. 1993 ! Il était plus vieux qu'elle ! De 3 ans ! Elle, était née en 1996 ! Ce petit bonhomme, plus jeune qu'elle était plus vieux !

"Eh Léo ! T'es plus vieux que moi ! Moi j'ai vu le jour en 1996 ! En Angleterre ! Et j'ai disparu en... 2011 !!"

Elle sourit, contente de sa découverte. S'ils s'étaient découverts dans l'autre monde, ca aurait été Deunan qui aurait été plus jeune que lui...

Le garçon ne se rendit pas compte du malaise qu'éprouva Deunan lorsqu'il parla de sa famille. Lui aussi, sa l'avait un peu dérangé. parfois il avait l'impression d'oublier les détails, ce qui faisait qu'il avait des souvenirs clairs de la Terre. Se rendre compte qu'il oubliait, sa lui faisait mal. Une fois, il s'était surpris à penser à Clara, sa bonne amie d'avant, et avait oublié le son exact de sa voix. C'était flou dans sa mémoire, et pour lui, sa signifiait que tranquillement, Clara disparaissait à tout jamais, comme lui il avait disparu. C'est ce qu'il était devenu, un disparu pour les gens qu'il avait connu, et un disparu à Fukeru.

Heureusement, Léo changeait rapidement d'humeur. Il n'avait pas oublié le but de leur visite chez lui et avait hâte. Les voilà qui entraient au village à présent. Les gens passaient, saluant parfois le jeune Léo, qui répondait par un sourire et un "Bonjour!".

Léo n'avait pas eu connaissance que Deunan c'était pincée. Il y avait certaines choses plus difficles à entendre tout de même... Et donc, il retrouva son entrain lorsqu'elle l'interpella. Seulement, ce qu'elle lui dit le fit s'interroger. Il était plus vieux? Mais non ca ne se pouvait pas...Elle avait quoi, 15-16 ans, Léo en était certain. Et lui il avait 13 ans quand il avait disparu. Cela faisait un an, ou presque, et il n'avait pas changé, enfin, pas vraiment... Il était convaincu qu'il serait condamné à avoir 13 ans toute son existence durant. Sa le déprimait. Pourquoi Deunan disait-elle ça? Elle était stupide ou quoi? Elle avait disparu après lui, mais comprenait-elle pas que le temps n'avait aucun importance, aucune influence? Léo sourit en coin.

"Mais le temps n'a pas d'importance ici, Deunan. Que tu viennes de l'an 2000 ou 3000, sa ne changera rien, ici. Je suis certainement plus jeune que toi, tu m'as vu, j'ai l'air d'un enfant. "

Il y avait un peu de frustration dans son ton de voix. Mais Léo ne se voyait pas et sa paraissait dans son attitude. Il n'était pas si petit qu'il ne le croyait. Et puis il commençait à avoir l'air d'un adulte ou plutôt, d'un adolescent.

"T'as quoi, 15 ans? 16 ans? Moi je suis arrivé j'avais 13 ans. Et je crois que je l'ai toujours. J'aimerais grandir, encore un peu au moins..."

Léo se sentit un peu mal de s'ouvrir ainsi, si ouvertement, à Deunan, il tenta de se reprendre, pour détendre l'atmosphère...

"Tu sais, un gars plus petit qu'une fille pour danser, c'est pas super! "

C'est Clara qui lui avait déjà dit ça. Lui, il voyait pas la différence...

Deunan regarda autour d'elle en rentrant au village. Apparemment, Léo connaissait presque tout le monde. Elle, elle se contentait de retenir des visages, des voix, et d'essayer de s'en rappeller. Elle qui avait une mémoire hors du commun du fait de son inexistance, c'était déjà un effort de se rappeler qu'elle avait déjà croisé telle ou telle personne ! Certaines personnes la regardaient avec un sourire mais elle n'y répondait pas. Après tout, pourquoi être gentille et s'attacher ? Elle avait déjà fait l'erreur une fois. De s'attacher. Et si elle devait rentrer chez elle dans pas longtemps ? Alors forcément, elle allait resouffrir. C'était limite si elle ne voulait pas se glisser dans un coin pour laisser aller Léo, et les autres...

"Mais le temps n'a pas d'importance ici, Deunan. Que tu viennes de l'an 2000 ou 3000, sa ne changera rien, ici. Je suis certainement plus jeune que toi, tu m'as vu, j'ai l'air d'un enfant."

Deunan regarda le garçon. C'était vrai qu'il était plus jeune. De deux ou trois ans, pas plus. Mais il était plus jeune. Elle avait encore parlé plus vite que sa pensée, qui la priait de ne rien dire. Comment était-ce possible ? Il était né avant elle, mais était plus jeune... Içi, le temps n'influait en rien. Il était aussi inutile que le reste, qui pouvait venir de l'autre monde. Ainsi, les gens qui arrivaient içi à tel ou tel âge le gardaient pour toujours... Ce devait être affreux, de ne plus pouvoir grandir... De rester petit à jamais ! Deunan, elle, ne se souciait pas de sa situation. Elle était assez âgée pour se débrouiller seule, et juste assez jeune pour ne pas avoir à souffrir de son âge. Mais quand même... rester à la même taille tout le temps ! Ce devait être stressant !

"Oui, j'ai 15 ans... Tout rond... Tout est si étrange dans ce coin..."

Elle sourit, sans oser rigoler plus.Il avait encore cette idée de la danse. Deunan, elle, l'avait déjà oubliée. Et puis, ce n'était pas des choses auxquelles elle pensai. La taille, ca n'empêchait pas de danser...

"Bah, c'est rien, t'inquiètes pas !"