Scénario : L'arrivée d'un inconnu

Ambre sentit une vague de soulagement l'envahir quand Zak descendit de cheval. Il n'était sûrement pas dangereux, mais il avait été trop près, beaucoup trop près d'elle pendant le trajet. Elle sentit son coeur reprendre un rythme à peu près normal et descendit de cheval un peu maladroitement. En touchant le sol, elle trébucha mais ne tomba pas, réussissant de justesse à retrouver son équilibre.
Elle se retint à grand peine de sursauter quand Zak reprit la parole. Elle n'avait aucune raison d'avoir peur de lui, et elle le savait, mais malgré tout, elle ne pouvait pas contenir sa crainte, tout comme la crainte qu'elle éprouvait tout le monde... peut-être était-ce parce qu'elle avait peur de la nature humaine, en particulier de celle des hommes, tout simplement...
Elle se reprit vite et réfléchit à sa question. A vrai dire, étant donné qu'elle n'avait pas de monture, elle ne le savait pas vraiment...

" Je ne suis pas sûre mais je pense que oui, la plupart des gens ont des cheveaux, ils doivent bien les mettre quelque part... "

Elle avait jeté un coup d'oeil autour d'elle en parlant de la plupart des gens, commepour vérifier que personne ne rodait alentour, ce qui, elle le savait, était inutile... il ne lui était arrivé aucun malheur depuis son arrivée ici, mais malgré ça, elle ne parvenait pas à se détacher de cette angoisse perpétuelle.

La soirée commencait à peine apparemment.
L'intérieur de l'auberge n'était pas très remplie. Il n'y avait que quelques habitués et des gens de voyage qui s'étaient arrêtés pour la nuit. A l'interieur de l'auberge blanche, il faisait bon, ça sentait bon le ragout et la bière. Et aussi la cire de bois blanc. Althéa vaquait à ses occupations à l'intérieur, servant quelques personnes, son plateau en équilibre sur sa main, comme le prolongement de celle-ci. Elle esquivait les rares mains qui se tendaient vers elle par ignorance, passa entre les gens attablés, ceux debout, passait entre les tables avec l'aisance que confère l'habitude, sans trébucher, ni même faire trembloter.
La tavernière, seule, avait appris à saisir les ivrognes et les jeter dehord avec la seule force de ses bras. Elle ne craignait pas les coups. Elle avait déjà jeté dehord des hommes plus grands et plus forts qu'elle, armé aussi. La peur, elle l'avait aussi connu, et elle n'était ici plus rien. Ici, on la connaissait. Et les voyageurs de passage se prenaient parfois plus qu'une claque.

La jeune femme, recevant l'argent pour une chope de bière, vit du coin de l'oeil des mouvements à l'extérieur. Elle regarda derrière elle, fit un signe de tête à la gamine de la ville venue l'aider pour la soirée, et se dirigea vers la porte, son plateau sous le bras.
Poussant celle-ci, elle gouta avec une joie non cachée le froid de l'extérieur qui, après la chaleur de l'intérieur, lui rosi les joues d'une visage si blanc. Et, dehord, il y avait bien des gens. La tavernière vit une femme qu'elle se savait connaître. N'était-ce pas une professeure ? Ou une cliente précédente ? Rah ! Et puis, cela n'avait pas d'importance !
A grands pas, elle se dirigea vers eux et admira leurs montures. Grandes, belles... Elle avait bien fait d'appeler le frère de son aide de la soirée. Elle avait peut-être besoin d'aide tout les soirs, maintenant. Seule - même si cela lui arrachait la langue de l'avouer - elle ne s'en sortirai plus.
Sans hésitation, elle salua les deux venus.

"Bonsoir Voyageurs. Permettez-moi de m'occuper de vos montures." Et 200 ans de métier lui avait appris également à savoir s'occuper d'un cheval, savoir le guerrir, et ce genre de travail. "Je n'en aurai pas pour longtemps. Il y a de la bière pour ceux qui ont soif et de la nourriture chaude pour ceux qui ont faim." Elle jeta un coup d'oeil au ciel et poursuivit. "Passerez-vous la nuit à l'auberge ? Il m'apparait qu'il risque de pleuvoir."

Elle se dirigea vers la femme qu'elle connaissait. Un nom de pierre, un nom de pierre. Opale ? Agathe ? Elle ne savait plus. Peut-être elle se souviendrait de celle qui avait été son élève... Althéa lui tendit la main pour l'aider à descendre, prenant un soin particulier à l'essuyer avant sur son tablier. Toujours sans sourire.
Et, dans son dos, elle se sentit avoir des frissons. Elle se sentit observée par des yeux qu'elle ne voulait pas identifier. Qui sait... Peut-être ce souvenir là n'était que dans son imagination...

[oui oui Athéa. Ce qui s'est passé avec le général des armées s'est bien passé, il fait parti de mon rp ^^]

C'aurait pû être un outrage.
Certe, elle aurait pu se vexe du refus net de la jeune femme, mais Althéa y prit à peine garde, le notant dans son esprit comme une chose importante mais qui n'avait pas plus de poids pour son honneur que cela. Apparemment, tout comme elle, sa professeure n'aimait pas sentir la peau de quelqu'un d'autre sur la sienne, la chaleur d'un corps qui ne lui appartenait, la présence de quelqu'un trop près d'elle.
Dans ce cas, pourquoi s'être proposé comme aide ? Pour vérifier une chose, vérifications qu'Althéa exécutaient à chaques fois qu'elle n'était pas sur de quelque chose. Et puis, après un toucher de ce genre, il n'était pas très dur d'aller se laver les mains. Oh ! ce n'était pas que les gens qu'Althéa touchaient euent pû être sales, mais c'était en elle, dans sa tête à elle qu'elle ressentait cette saleté, comme une couche d'huile sur sa chair, un vêtement étranger de matière ou d'odeur sur sa peau...

Elle prit la bride du cheval de sa professeure dont le nom revenait peu à peu dans l'esprit, et celle du cheval du présumé "Zack" dont, Althéa le savait, il ne fallait pas qu'elle oublie le nom de la soirée. Elle ne vit même pas la perte d'équilibre d'Ambre. AH ! oui ! Ambre, voila comment elle s'appelait ! Elle ne vit donc même pas la perte d'équilibre d'Ambre, trop occupée à flatter le cou de la jument baie de celle-ci. Puis, relevant la tête, elle répondit à Ambre :

"Considéres donc l'eau comme déjà sur le feu." Et, en direction de l'homme. "Si vous prenez une chambre, je prendrai vos affaire et je vous les laverais pour demain à l'aube."

Dans a tête, elle dressa la liste des choses qu'elle devait faire pour la soirée. Ranger les tables et les chaises, nettoyer les verres, les chopes, les pichets, les assiettes, les marmites... Tirer de l'eau à la pompe, faire la lessive des draps, des serviettes des chambres, remplir les bassines, laver et recoudre les veêtements des clients là pour la nuit, nourri les chevaux, passer la commande pour le sel, les roseaux, le foin, l'avoine, les légumes, le vin pour la semaine etc etc. Ce n'est pas ce qui l'empêcha de tendre la main pour prendre les rênes de l'autre cheval.

Chose sûre, cette auberge semblait des plus accueillantes, en particulier pour quelqu’un qui a faim et qui manque de sommeil. La nuit que Tobal venait de passer n’avait pas été particulièrement reposante. En voyant la jeune femme sortir de la bâtisse et se diriger vers eux, Tobal devina qu’elle devait travailler ici, son air déterminé le laissait sous-entendre et les mots qu’elles leur adressèrent vinrent confirmer cette pensée. Aussi, le charme de cette jeune femme et sa beauté ne laissèrent pas le jeune campagnard indifférent. Ses joues pâles se teintèrent légèrement de rouge et son regard se fit fuyant.

De la bière pour ceux qui ont soif, de la nourriture pour ceux qui ont faim… Ces mots résonnèrent dans la tête du jeune homme. L’envie de prendre place sur un siège et non sur une selle, de se nourrir de plats cuisinés et chauds et non de baies cueillies dans les buissons le tentait fortement.

Tobal hocha la tête en signe d’affirmation lorsque Ambre répondit à la tavernière. Un nouveau lieu à découvrir, des habitants à rencontrer, cela faisait longtemps que le jeune homme avait eut ce genre d’opportunité. Il passait beaucoup de temps à étudier, seul dans sa chambre ou en forêt, avec pour seuls compagnons ses loups, et quelques temps auparavant, ses parents. Tobal chassa aussitôt ses pensées de son esprit.
Nouveau hochement de tête.

"Très bien." Répondit simplement le cavalier à l’offre de s’occuper de ses affaires, comme l’avait offert la jeune femme.

En prononçant ces mots, il se souvint alors son chandail déchiré qu’il avait utilisé pour soigner la louve blanche. Sous sa cape, il était torse nu. On ne pouvait le voir puisque le long vêtement le couvrait presque entièrement, mais lui ressentait sur sa peau la fraîcheur de l’air. Il demanderait plus tard.
Tobal tendit les rênes de l’étalon palomino à la jeune femme, frôlant involontairement du bout de ses doigts ceux de la tavernière.

"Merci." Murmura t-il en osant un timide sourire. Le sourire d’un garçon resté peut-être un peu trop longtemps dans un monde autre, celui des lettres, des pages et des images bâties par l’esprit. À force de vivre dans ce monde du savoir, peut-être avait-il oublié à quel point le visage de quelqu’un, d’une femme, pouvait être beau.

Ambre se sentit un peu soulagée qu'Althéa ne fasse pas de commentaires sur son refus d'accepter l'aide qu'elle lui apportait, qu'elle ne se vexe pas. Elle ne voulait surtout pas que ses peurs idiotes lui attirent des ennuis, elle avait assez de problèmes comme ça avec son passé, si en plus son présent lui apportait de nouveaux soucis, elle ne s'en sortirait pas... mais de toute façon, ce n'était pas le cas, elle n'avait donc aucune raison d'y penser.
La réponse qu'elle lui adressa ensuite lui convenait aussi. D'ailleurs, pourquoi ne l'aurait-elle pas fait? L'auberge était agréable, Althéa des plus acceuillantes, ses services aussi bons que possibles, elle s'était donc attendue à cette réponse, à quelques mots près bien sûr...
Elle jeta un coup d'oeil étonné à Zak. Il n'agissait pas avec Althéa comme il avait agi avec elle, mais peut-être était-ce dû au contexte de leur rencontres... ou peut-être pas. De toute façon, c'était loin de déranger la professeur, car de toute façon, elle n'était pas intéressée par Zak, et ne le serait sans doute jamais. Elle aurait voulu sourire elle-aussi, mais elle n'en avait pas encore l'habitude, et elle était encore un peu secouée par leur récente course où elle avait été proche, trop proche du jeune homme.
Ne sachant plus trop quoi faire, elle dit quelques mots, formant une question qu'elle estimait peu utile.

" Alors... on... on entre? "

Elle jeta un regard furtif aux deux personnes à côté d'elles, se demandant comment ils allaient réagir, s'ils allaient entrer, tout simplement ou s'ils allaient rire de ses paroles inutiles, ce qui était très improbable. La première solution était des plus logiques, car bien qu'elle ne connaisse aucun des deux personnellement, elle ne les imaginais pas rire de quelqu'un...

[hj: Bon anniversaire Althéa!^^]

[Marchi =)]

De la peau sur la sienne.
Avec l'habitude, la force de l'instinct et surtout, par la puissance d'une peur apprise par coeur, Althéa se raidit, la jointure de ses doigts devenant plus blanche que l'ivoire de sa peau. Elle avait sentit la fraicheur d'une peau venue de l'extérieure sur elle, un contact direct, pas comme un passage dans son auberge où elle frôlait le dos ou l'épaule de quelqu'un, ce n'était pas pareil, c'était plus intime.
Quoi qu'elle aurait pu en dire, Althéa était comme Ambre : une proie. Elle n'avait plus peur, n'était plus effrayait, faisait peur d'une force morale exeptionnelle, polie et taillée par l'habitude. Pourtant, elle luttait conter se reflexe de se rebiffer, de faire preuve d'agressivité envers les personns qui osaient poser la main sur elle. Mais bon dieu ! Ce n'était que deux doigts ! Que le bout d'un index et d'un majeur sur le revers de son pouce ! Qu'un peu de fraicheur sur sa peau !

Elle se dégouta durant quelques secondes, le temps de foudroyer du regard le pauvre homme aux joues rosies devant elle. Elle le foudroya du regard, éprouvant une haine viscérale envers sa propre personne pour une chose qu'elle aurait du apprendre à accepeter, à considérer comme une expérience de sa vie et, lorsqu'elle eut fini d'avoir envie de se vomir dessus de dégout, elle se rendit compte que cela faisait très longtemps qu'elle n'avait pas mis un homme dans son lit. De son plein grès.
Jamais à vrai dire.

Elle tira un peu sur les rênes, adressa un dernier coup d'oeil plus doux, voir invitant, au jeune homme. L'étalon, bien dressé, obeis et la suivit.

"Il y a trois tables de libre dans la pièce principale. Une près d'une lampe. Prenez place à celle-ci, je viendrais vous servir un bol et une chope, puis je vous conduirais dans vos chambre." Elle s'arrêta et se retourna. "Enfin, vous, madame, vous savez où et la votre, je prendrais juste vos affaires sales. Vous, Sieur, j'attendrais vos chausses, votre chemise et votre cape."

Elle se retourna et se dirigea à grands pas gracieux vers l'écurie. Elle y entra, alla au fond et attacha elle-même la jument baie et l'étalon. Elle sortit de l'écurie, laissant les cheveaux ainsi quelques minutes pour se diriger dans la maison voisine. Elle frappa, attendit qu'on lui ouvre et demanda à la vieille dame d'envoyer son petit fils chercher le palfrenier de la Tavernière. Puis, celle-ci, sachant que la demande serait faite rapidement, revint vers l'écurie.

Elle remonta le bas de sa robe. Ce n'était pas que l'écurie était sale - et c'était bien le contraire, vue les manies hygiènique de la jeune femme - mais c'était du sable qui servait de sol. Elle enleva la selle de la jument, ses mors, arrocha ses rênes aux pendants du boxe, elle lissa son poil avec une brosse, lui versa une poignée d'avoine et laissa le reste de son soin au palfrenier en qui elle avait confiance.
Frottant ses mains sur sa robe - bien que ni l'un ni l'autre ne fut sale - elle se dirigea vers son auberge, poussa la porte et entra dans sa salle. Du bout de ses doigts, elle enleva un morceau de paille de ses cheveux.

Althéa traversa toute la salle, receuillant ça et là les commandes de diverses personnes, passa derrière le comptoir, saisit un plateau, trois chopes qu'elle remplit, une corne de vin, posa le tout sur le bout de la planche de bois blanche pour son aide. Elle alla ensuite dans la cuisine, découvrit la marmite, prit une louche et versa deux généreuses portions dans chaque bol qu'elle avait.
Dans la poche de son tablier, elle mis une grosse miche de pain et les couverts.
De nouveau, elle fut dans la salle principale de son auberge. Esquivant avec une habitude certaine les gens attablés, elle se dirigea vers la table qu'elle avait indiqué, posa les deux bols dont elle n'avait rien renservé, sortit la miche le pain de sa poche, installa les couverts et, caressant du regard de façon non ostensible le jeune homme, attendit de se faire payer le repas - la bière étant déjà arrivée et payée.

Il la regardait s’éloigner, vers une écurie probablement, ne sachant trop que penser de cette jeune femme. Un instant elle s’était montrée des plus sympathiques et l’instant suivant, ses yeux semblaient lui lancer des couteaux. À ce moment, Tobal avait détourné le regard, troublé. Qu’avait-il fait encore? Ambre qui n’osait pas le regarder dans les yeux et l’autre qui semblait ne pas apprécier, mais pas du tout, le plus simple et innocent contact physique avec lui. Il puait peut-être?
Nouveau hochement de tête à la requête de la propriétaire de la Licorne.

Et maintenant, elle voulait le déshabiller! Bon, le terme était peut-être un peu fort, mais le ton qu’elle avait employé, contrastait avec le regard qu’elle lui avait adressé avant. Les femmes, qu’elles sont difficiles à comprendre! Le jeune homme commençait à le constater et il aurait l’éternité pour le comprendre, mais serait-ce suffisant? Voilà pourquoi Tobal s’intéresse souvent davantage au monde des lettres. Là, tout est clair, ou presque…
Mais enfin! Les hommes sont de drôles de bêtes, particulièrement les femmes. La tavernière l’avait charmé, certes, mais elle avait également semé en cette jeune âme une interrogation, que Tobal choisit de prendre pour une quête, sa curiosité l’emportant, comme à son habitude, mais le désir y était aussi pour quelque chose. Un désir jeune, nouveau, peu expérimenté et combien assoiffé d’aventure et de découvertes! Mieux peut-être valait-il de ne pas s'emporter. Tobal serait patient, il l’était toujours.

Seulement pour le moment, le voyageur demeurait dépourvu et un peu découragé, il laissa échapper un soupir alors que la tavernière s’éloignait. Il regarda Ambre, qui malgré la crainte qu’elle semblait éprouver quand ils étaient ensemble, demeurait auprès de lui. Il lui sourit, un peu tristement, et passa devant. Il ouvrit la porte et lui fit signe de passer devant.

Comme la tavernière l’avait indiqué, Tobal prit place à la table près de la lampe. Il tira la chaise d’Ambre et encore une fois, mit en pratique les enseignements de gentleman que son père lui avait gracieusement inculqués. C’est que pour un gentilhomme comme Kristofor Kazek, il n’y avait rien de pire que de faire offense à une dame. Tobal avait hérité de cette morale et tentait de l’appliquer du mieux qu’il le pouvait et jugeait. Il paya la bière en sortant d’une poche de son pantalon une petite bourse émeraude dans laquelle il y avait quelques poignées de monnaie.

Pendant l’absence de la tavernière qui était partie chercher leur repas, Tobal adressa à Ambre un hésitant sourire.

"Je tiens à vous remercier, vraiment. Insista t-il en plantant son regard bleu-vert dans celui de la jeune femme et en hochant la tête. Si jamais je peux vous être utile pour quoi que ce soit, n’hésitez pas je vous prie."

Tobal se croyait redevable envers cette craintive demoiselle. Sans elle, il n’aurait pas aboutit ici aussi tôt et puis elle lui était venue en aide, malgré son apparente et constante hésitation.
La tavernière était revenue et leur avait servit deux fumant bols et du pain. Un sourire étira les lèvres du jeune homme à la vue de ce repas. Il sortit à nouveau de la monnaie, insistant pour payer, et tendit sa main vers la jeune femme, vers laquelle son regard glissa lentement jusqu’à ses yeux marrons. Elle le regardait aussi. Surpris, il parvint à bégayer un remerciement :

"Mmerci."

Non mais c’est tout ce qu’il savait dire! Il rougit de honte et tenta de camoufler cette gêne en entreprenant d’entamer ce repas qui sentait si bon, mais en gardant en tête l’image du visage de la tavernière, son regard posé sur lui.

Ambre avait été surprise de la politesse de Zak. Elle n'avait vraiment pas l'habitude de ce genre de choses quand elle était sur Terre, et depuis son arrivée ici, elle n'avait pas croisé assez de gens pour que ça lui arrive. Elle passa donc devant Zak qui s'arrangea aussi pour pousser sa chaise. Elle s'assit avec pour une fois, l'envie de sourire. Elle le fit presque, et cet expression fugace ne dura que quelques secondes. Malgré tout, ce n'était pas si mal, surtout que ces semi-sourires se faisaient de moins en moins rares ces temps-ci. Peut-être finirait elle par guérir après tout...
Elle essaya de soutenir le regard de Zak, voulant voir si elle pouvait y arriver, si tout n'était pas perdu pour elle. Elle réussit pendant quelques secondes, mais ne put tenir plus longtemps. Ces quelques secondes étaient déjà un grand progrès, depuis son arrivée ici, elle ne l'avait jamais fait volontairement. Et même avant, elle évitait constament les regards des inconnus, ne pouvant supporter que ceux de ses proches.
Elle était assez contente qu'il la remercie, même si elle ne savait pas vraiment si elle le méritait ou non. Bien sûr, ça n'avait pas été facil pour elle d'aller vers lui, et elle ne l'aurait sûrement pas fait s'il n'y avait pas eu la louve, mais peut-être que quelqu'un d'autre, quelqu'un de moins peureux, l'aurait aidé sans hésité, sans même y réfléchir...

" Je vous appellerai si j'ai besoin d'aide alors... "

Cette simple pensée la rasurait un peu. Il ne voulait pas l'attaquer, ce qu'elle savait depuis le début, mais en plus, il lui proposait son aide, pour services rendus en quelque sorte...
Encore une fois, l'atitude qu'il eut envers l'aubergiste l'étonna, mais elle commençait à d'y habituer. Il semblait intéresser par Althéa, et il était parfaitement possible que ce soit réciproque. C'était quelque chose de normal, de naturel... elle n'avait vraiment pas à en faire toute une histoire.

En revenant, elle avait eu froid.
En passant la porte, il y avait eu dans son dos un frisson. Jamais cela ne lui arrivait. Elle pouvait prendre dans ses mains, en hiver, des boules de neige et les jetter, des heures durant, sans réellement ressentir la morsure de la glace. Elle pouvait aller de nuit dans la forêt et subir les crocs des fraicheurs nocturnes sans même les penser présents. le froid était peut-être moins présent par l'âge, ce qui était sur, c'est qu'il n'était plus pour elle qu'une source de fascination, la douleur ayant disparut.
Mais elle avait ressentit un frisson et imédiatement après, un mauvais pressentiment tenace lui avait cloué le ventre. Elle ne l'oubliait pas mais attendait simplement son paroxisme pour agir : il ne servait à rien de paniquer avant d'avoir des raisons d'avoir peur.

Le jeune homme lui tendait la main, une piècette dans la paume et, malgré elle, Althéa hésita. Mais où était passée ses nouvelles résolutions ? Etait-elle donc devenue de la porcelaine ! Elle la prit un peu trop vivement, son regard de bois fixé dans celui de feuille du jeune homme. Elle la prit, donc, et sentit sous ses doigts redevenus froid la chaleur de sa peau. Puis, elle glissa l'argent dans sa poche et retourna vers son comptoir où son aide était envahie.
Avec l'habitude, elle savait comment gérer l'arrivée massive de consommateurs et les servit un par un, le regard pensif.

Faisait-elle ce qu'il fallait ? Oui, elle ne doutait pas de la véracité et du bien fondé de ses actions, elle ne doutait pas, ou très peu, de l'impact de ceux-ci sur sa vie. Elle suivait la bonne route. Et, au lieu d'attendre qu'on vienne la chercher, elle alla immédiatement préparer la chambre de ce nouveau venu - celle d'Ambre déjà faite depuis longtemps. Comme cela, il n'aurait qu'à lui demander de l'y guider pour la trouver propre et fraiche.

:arrow : La Licorne [Chambre de Tobal, Premier étage, côté Nord]