Scénario : Trouver refuge

Les astres brillaient de milles feux et apportaient un peu de lumière à la terre en cette nuit froide. Un ruisseau chantait une berceuse, un hibou l’accompagnait et Tobal Kazek écoutait, se laissant bercer par cette musique, adossé contre le tronc d’un saule pleureur dont les longues branches frôlaient le sol. Le jeune s’était recroquevillé sur lui-même en espérant se réchauffer un peu. Deux loups dormaient près de lui, collés l’un contre l’autre et un peu à l’écart se tenait un magnifique étalon beige à la crinière blonde qui dormait debout. On lui avait enlevé sa selle et elle était posée près de l’arbre où Tobal était assis.

Enveloppé dans sa cape, le jeune homme tentait de se protéger de cet inhabituel air glacial, mais le tissu n’était point efficace contre le vent cruel et le fugitif était agité de violents frissons. La capuche enfoncée sur sa tête, on avait peine à distinguer son visage. Ses dents claquaient et un filet de fumée blanche s’échappait de sa bouche. S’il restait ici pour la nuit, il risquait de ne pas s’en sortir, Tobal en était conscient, seulement, où aller à cette heure? Même les bars devaient être fermés et puis, le jeune Kazek ne connaît pas beaucoup le village. Il ignore si l’on peut trouver des auberges proches et à vrai dire, ses jambes commençaient à se faire lourdes ou plutôt engourdies, tout comme ses bras.

"J’dois pas me laisser aller…" murmura t-il pour lui-même.

C’était pénible. Surtout que ses paupières étaient maintenant de la partie et commençaient à le laisser tomber, ou plutôt à se laisser tomber. La tête de Tobal commençait à cogner des clous. Brusquement, il tenta un mouvement pour se réveiller, mais le derrière de sa tête heurta violemment le tronc de l’arbre sur lequel il était appuyé.

"Aïe!"

La manœuvre avait été plutôt efficace puisqu’elle l’avait obligé à rouvrir ses yeux. Le regard du jeune homme s’arrêta sur Mircea et Eliade, ses loups. Tobal étendit ses jambes et se mit à les bouger et il en fit de même pour ses bras. Une fois dégourdi, il se leva et s’approcha des deux canins. Ils feraient de bonnes couvertures… Tobal s’agenouilla près des loups et ceux-ci ouvrir les yeux. Dès qu’ils virent que c’était leur maître, ils laissèrent leur tête tomber sur le sol à nouveau, rassurés. Tobal se glissa alors entre le loup et sa jumelle et ceux-ci se laissèrent déranger sans broncher, trop bien dans leur sommeil. Kazek parvint ainsi à se faire une place entre Mircea et Eliade, qui laissèrent tomber sur lui leurs grosses pattes. La chaleur des bêtes réchauffa vite faite le garçon et du coup, il se sentit nettement mieux et se laissa rapidement porter par la fatigue, qui l’assomma d’un coup comme une masse. Il venait tout de même de quitter en trombe sa maison enflammée, obligé par ses parents et ignorant pourquoi ses tuteurs avaient agit ainsi avec lui. Tobal était inquiet pour Kristofor et Flavia. Que leur arriverait-il? Chose sûre, ce n’est pas aujourd’hui qu’il le saurait. Malgré l’angoisse qui le rongeait, Tobal parvint à trouver le sommeil.

Le soleil était levé depuis quelques heures lorsque Tobal Kazek ouvrit les yeux. Il était étendu de tout son long sur la terre sèche et un saule pleureur veillait sur lui. Mircea et Eliade n’étaient plus là, mais Hermès, le cheval, était fidèle au poste et se tenait tout près. Tobal se redressa et regarda autour. Fukeru serait plus facile à atteindre en plein jour. Le cavalier se leva et alla vers le ruisseau. Il s’agenouilla et trempa ses mains dans l’eau fraîche. Avec l’eau qu’il recueillit dans le creux de ses mains, il s’aspergea le visage et répéta le manège à plusieurs reprises. Ensuite, Tobal détacha sa cape, qui tomba parterre en un bruit sourd, et retira le chandail beige que sa mère avait tissé, découvrant un corps svelte et pâle. Toujours avec ses mains et l’eau que le ruisseau lui offrait, Tobal lava ses bras, puis son torse. L’eau, purificatrice, allait lui remettre les idées en place. Enfin, c’est ce qu’il espérait. Il devait être apte à réfléchir activement s’il voulait comprendre ce qu’il lui arrivait, car malheureusement, tout cela n’était point un rêve.

[libre]

Sous sa forme de louve, Athéa était partie seule dans la nuit. Cette fameuse nuit où le chef lui vait ordonné de détruire la chaumière d'une petite famille et d'en tuer tous les membres. La femme-louve mettait un point d'honneur à mener à bien les missions qu'on lui confiait. Non suelement parce qu'elle aimait ce genre de travail mais également parce qu'elle aimait le travail bien fait. En l'occurence ça n'était pas le cas. Le jeune fils s'était échappé. Elle devait le retrouver et l'exterminer. Il en allait de sa réputation de tueuse. Pourquoi cette maison? Pourquoi cette famille? Elle l'ignorait et n'en avait cure. Tout ce qui interessait la jeune femme c'était le sang, la douleur qu'elle infligerait à ce garçon qui avait osé s'enfuir, qui avait échappé à son tragique destin.
La louve pistait les traces du garçon depuis peu. La traque avait toujours été son activité favorite. Savoir que la proie n'avait aucune chance de s'en sortir et qu'elle tentait quand bien meme de fuir, c'est réellement jouissif pour la femme-louve. Finalement cet humain avait du bon, il lui permettait de s'amuser un peu, d'autant plus que personne ne lui demanderait de compte sur la façon dont il était mort. Elle aurait meme l'occasion de jouer un peu.
L'aube se levait dans la plaine. Le soleil éclairait la terre de ses chauds rayons. Si Athéa n'avait pas été en mission elle se serait accordé une petite pause pour profiter du soleil clément de cette agréable matinée après la nuit glaciale qu'elle venait de passer. Certes sa propre fourrure blanc comme neige la protégeait considérablement du froid, mais se prélasser au soleil étai toujours plus agréable.
La louve ruminait ses reves de faineantise au soleil quand soudain elle se figea. Elle avait détecté une odeur familière. Un odeur de loup. La proie bénéficierait elle de la protection d'un loup? non de deux loups! L'affaire devenait de plus en plus interessante. Son instinct de louve la poussait vers ses comparses, cependant la femme en elle tentait de résister à cette envie et de s'en tenir à sa mission. Humant l'air pendant un instant, elle découvrit que le fuyard se trouvait au bord du ruisseau à quelques centaines de metres de là. Les deux loups quant à eux étaient apparemment plus loin en compagnie d'un équidé quelconque.
En quelques minutes, la femme-louve couvrit la distance qui la séparait de sa proie. Comment allait elle aborder celle ci? Nombre de choix s'offrait à elle sur ce point. Quelle serait la meilleure tactique? Elle imaginait plutot de se montrer à lui sous sa forme humaine, de l'égorger proprement et de repartir mais c'était sans compter sa nature animale, l'influence de ses instincts de louve. La louve solitaire à l'intérieur de la jeune femme avait besoin de ses semblables ne serait ce que pour la saison de reproduction qui approchait à grands pas. Athéa ne savait pas lutter contre ces instincts bestiaux. Elle obeit à sa nature animale.
Avant que le jeune homme puisse voir quoi que ce soit, elle reprit forme humaine et sortit son poignard. Elle s'entailla proprement une veine au niveau du poignet, suffisamment pour que le saignement ait l'air grave. Satisfaite, elle reprit sa forme animale. Le sang dégoulianait sur sa fourrure, tâchant le blanc immaculé d'un pourpre profond. Enfin, elle s'approcha du la rivière en boitillant. Elle se trouvait sur la berge opposée à celle du jeune homme. Elle s'écroula théatralement sur le flanc en gémissant à la mort. Elle ne pouvait manquer de ne pas se faire remarquer par l'humain. Se baladant avec deux loups et un cheval il aimait forcément les animaux, en tout cas suffisamment pour venir en aide à une pauvre louve blanche blessée...

Ambre était sortie du village dans l'espoir de trouver et d'apprivoiser une licorne mâle. Elle recherchait ce si rare animal car la licorne femelle qui séjournait dans un enclo près de l'école semblait se sentir seule.
Elle s'apprêtait à rentrer bredouille à l'auberge où elle séjournait quand elle vit un homme près du ruisseau. Voir une personne qu'elle ne connaissait pas l'incita à partir dans la direction opposée, ce qu'elle s'apprêtait à faire, quand elle vit une louve blanche s'approcher. Déjà, elle était curieuse de savoir ce que faisait une louve de cette inhabituelle couleur dans les parages, mais en plus, une de ses pattes saignait.
Quand elle vit l'animal s'effondrer, elle prit son courage à deux mains et décida de s'approcher. L'homme ne semblait pas dangereux, et elle ne supporterait de partir maintenant, prenant ainsi le risque de laisser la louve blessée dans les mains de quelqu'un qui ne s'y connaissait peut-être pas dans le domaine médical...
Son pas était lent, comme si elle luttait de toute ses forces contre son instinct qui lui disait de ne pas rester seule en compagnie d'un inconnu. Heureusement, son envie d'aider la louve prit le dessus et elle arriva finalement près du jeune homme.

" Ex... excusez-moi... vous... vous avez besoin d'aide? Pour... pour la louve je veux dire... "

Sa voix timide était faible mais assez audible toutefois pour que le jeune homme puisse l'entendre. Tout ce qu'elle espérait, c'était que sa réaction ne serait pas violente...

Les yeux fermés, le visage ruisselant, Tobal réfléchissait. Ne serait-il pas plus juste de retourner chez lui pour voir ce qu’il était advenu de son père et de sa mère? Bien entendu, c’est l’option que Tobal préférait et ce, de loin. Le problème, c’est que son père ne l’avait pas fait fuir sans raisons, alors il serait imprudent de retourner vers la maison. Kristofor ne serait pas content de le revoir, cela était clair.

Brusquement, Tobal pencha le haut de son corps vers l’avant et plongea sa tête sous l’eau. Dans l’eau, il hurla comme un fou. Là, personne ne pouvait l’entendre. Une fois la séance de défoulement terminée, Tobal se redressa et secoua sa tête pour enlever le plus d’eau possible de ses cheveux. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il vit une louve de l’autre côté du ruisseau. Il y avait une tache rouge sur son pelage blanc. Tobal fronça les sourcils. Il avait l’habitude avec les animaux. Lorsque Eliade et Mircea étaient malades, il devait se débrouiller. Sans hésiter, Tobal se dirigea vers la bête. Ses jambes étaient mouillées jusqu’au genoux. Il avança jusqu’à la rive opposée.

La louve n’avait pas l’air sauvage. Tobal approcha sa main. Visiblement, cette blessure semblait l’avoir affaiblie. Il caressa doucement sa tête en lui parlant.

"Ca va aller…"

Tobal traversa de l’autre côté de la rive rapidement et agrippa son chandail qu’il venait d’enlever. Il retourna auprès de la louve. Ses deux loups s’étaient légèrement approchés et observaient la scène, n’osant s’approcher. Tobal ne les avait point invités, au contraire, alors ils obéissaient et demeuraient tranquilles.

Le chandail que Flavia avait tissé se retrouva vite fait en lambeaux. Tobal prit la patte blessée dans sa main, tranquillement, doucement pour ne pas effrayer l’animal. Ce n’était qu’une entaille. Rien de très grave, mais le sang coulait à flots. Tobal entoura la patte blessée d’un morceau du bandage improvisé en exerçant une certaine pression. Il confectionna ainsi rapidement un bandage efficace. Alors qu’il finissait d’enrouler un dernier lambeau, une voix le fit sursauter. Il était concentré sur son travail et n’avait pas entendu la jeune femme arriver. Tobal tourna la tête vers l’inconnue, sans lâcher la patte de la louve.

"Euh… "

Si elle lui offrait son aide, c’est qu’elle devait s’y connaître… Sinon, elle ne serait pas venue. Les gens qui n’ont pas peur des loups sont plutôt rares! Et puis il y avait tout de même Mircea et Eliade là de l’autre côté pas très loin de la femme.
Tobal regarda le bandage qu’il venait de faire, puis il regarda l’inconnue à nouveau.

"Elle a dut se trancher la patte sur quelque chose… Rien de cassé, ce n’était qu’une entaille. Elle devrait s’en remettre d’ici peu."

Tobal lâcha la louve et s’écarta.

"Vaut peut-être mieux que vous jetiez un coup d’œil quand même."

Quant à lui, il la laisserait là et partirait vers Fukeru. Un loup est un animal robuste, il avait eut l'occasion de le constater à maintes reprises.

* eh merde! qu'est ce que c'est que cette humaine qui viens faire foirer tout mon plan! va falloir que je me débrouille autrement maintenant vu qu'il n'est pas question de la tuer elle.*

L'ordre de mission était clair : exterminer la famille Kazek. Elle n'avait droit à aucun écart, aucune bavure. Elle ne pouvait rien faire contre la jeune femme qui venait d'arriver. Il fallait qu'elle trouve autre chose. Le fuyard devait mourrir. Coute que coute. Si elle reprenait apparence humaine dès maintenant et tuait le jeune homme en s'enfuyant rapidement, elle aurait mener à bien sa mission. Seulement Athéa était la meilleure, elle n'avait jamais sous estimé un adversaire. Prudence est mère de sureté. La femme louve n'avait pas l'intention de risquer son pose voir sa vie pour un pauvre humain insignifiant. Elle garda sa forme de louve.
Quand le jeune homme fit mine de s'éloigner, elle jappa faiblement pour retenir son attention. Elle gémit en se roulant sur le dos un moment. Puis pour conclure le spectacle, elle se remit debout sur trois pattes, faisant bien attention à ne pas poser sa parterre sa patte bandée. Elle se dressa sur ses pattes arrières en s'appuyant sur le jeune homme et tentait de lui lécher le visage.
Athéa s'amusait comme une folle. Jouer la comédie était son péché mignon. Non seulement elle était douée mais en plus elle adorait ça. Passée maitre dans l'art de hypocrisie et des mimiques, sa nature de femme louve était particulièrement interessante pour ce genre d'activité. Qui pourrait imaginer que derrière une louve blanche se cache une tueuse professionnelle? Cette mission promettait d'etre particulièrement interessante...Plus que tout elle aimait jouer avec la nourriture avant de la tuer...

Ambre avait regardé le jeune homme soigner la louve d'un regard intéressé. Il semblait s'y connaitre... peut-être aurait-elle du rester à l'écart et éviter le contact... il ne semblait pas l'avoir remarquée avant qu'elle n'ait parlé. Elle aurait certainement du partir en voyant qu'il maitrisait la situation, elle serait ainsi restée dans sa solitude... mais maintenant, c'était trop tard pour partir.
Il lui avait répondu, et il était sur le point de partir... elle se pencha en avant dans le but d'examiner la patte de la louve ainsi que son bandage, mais l'animal était déjà debout, tenant sur ses trois pattes. Et apparemment, il ne semblait aps avoir envie que l'homme parte...

" J'ai l'impression que vous avez fait un bon travail avec votre bandage, et elle n'a pas l'air de vouloir vous laisser partir... "

Sa voix avait toujours le même ton timide et fuyant, un peu peureux même. Elle s'en rendait compte, mais elle n'y pouvait rien. L'home n'avait pourtant pas l'air dangereux, au contraire, mais c'était plus fort qu'elle, son instinct lui dictait de se méfier et de s'enfuir en courant.
Mais heureusement, elle avait assez de courage pour rester...

La réaction de la louve surprit Tobal, il ne s’attendait pas à une si grande démonstration d’affection de la part de cet animal sauvage. À ce propos, le jeune homme commençait à douter de l’état sauvage de la bête. Elle semblait très à l’aise avec l’homme et cela n’est pas courant chez le loup sauvage. Cette réflexion n’empêcha point à Tobal de rire en sentant la langue visqueuse de la louve sur sa joue.

La jeune femme qui lui avait offert son aide s’était rapprochée. Tobal se sentait un peu mal de la voir aussi méfiante. Elle semblait être sur ses gardes, mais sans vraiment l’être… Enfin, le jeune homme se dit qu’elle devait vraiment aimer les animaux pour l’avoir approcher. Disons qu’elle n’avait pas l’air des plus encline aux nouvelles rencontres.

"J’ai l’impression que cette louve n’est pas sauvage." Affirma Tobal en posant ses poings sur ses hanches tout en observant la louve blanche.

"J’ai rarement vu des loups agir de façon aussi familière avec un inconnu, et je n’ai jamais vu cette louve, j’en suis persuadé…"

Que faire alors? La laisser repartir seule? Elle devait bien connaître la forêt… Et puis, comment se serait-elle perdue de toute façon… Elle devait avoir un maître, ou un chef. Ou alors, Tobal devait-il l’amener avec lui jusqu’à Fukeru? L’idée lui plaisait plus ou moins. Il avait déjà deux loups et un cheval à loger, en plus de sa propre personne. Le jeune homme regarda la femme et haussa les épaules.

"Je dois dire que je ne sais pas quoi en faire…"

Le regard d'Ambre sautait de la louve au sol, passant parfois par le jeune homme, mais juste pendant une fraction de seconde, histoire de vérifier qu'il ne se rapprochait pas trop... mais la plupart du temps, elle regardait le sol d'un air timide et gêné.
Elle hocha légèrement la tête quand il lui dit avoir l'impression que la louve n'était pas sauvage.

" C'est l'impression qu'elle donne... elle a sûrement déjà été en contact avec des hommes... "

Elle était toujours aussi gênée de lui parler, et ça la désolait... quiconque l'aurait connu avant aurait été frappé par le contracte entre celle qu'elle était avant t celle qu'elle était devenue. Elle qui était si ouverte, si pleine de joie, si extravertie était maintenant renfermée sur elle-même, triste et très peureuse.
Elle chassa vite ses sombres pensées, ou en tout cas la plupart, et écouta plutôt ce qui disait l'inconnu. Il se demandait ce qu'il devait faire... elle réfléchit quelques instants et ne tarda pas trop à lui répondre de son habituelle petite voix.

" Je crois qu'elle a envie de vous suivre... et si c'est le cas, je vois pas très bien ce que vous pourrez faire d'autre... "

La louve jappa en direction des deux autres loups pour tenter d'attirer leur attention. Athéa était conciente que c'est deux loups n'avaient rien à voir avec sa mission. Si elle cherchait leur compagnie c'était à cause de ses instincts naturels de louve. Sous sa forme animal elle avait beaucoup de mal à y resister. Elle obeissait au cycle naturel normal contre sa volonté. Le loup n'est pas un animal fait pour vivre en solitaire. Il vit en meute, en société, contrairement à ce qu'Athéa avait délibérément choisi comme mode de vie. Elle faisait partie des loups solitaires qui errent à travers le pays à la recherche d'un compatriote pour former une nouvelle meute. Cependant Athéa n'était pas une louve. Elle n'était pas humaine non plus. Elle n'avait pas choisi. Cet état entre deux camps lui plaisait. Cela lui permettait de faire ce dont elle avait envie, ces capacités naturelles étant décuplées par sa double nature. Mais ces avantages avaient un prix comme toute chose en ce monde...et avant tout elle avait une mission à accomplir.
Quoi qu'il en soit elle suivrait le fuyard sous sa forme de louve, qu'il le veuille ou non. Lorsqu'elle aura enfin acquis sa confiance, elle frappera...Elle avait bien l'intention de le faire souffrir. On échappe pas impunément à Athéa.
La louve blanche s'assit aux pieds du jeune homme et se mit à hurler. Elle espérait avant tout etre acceptée par les deux loups qui accompagnaient le garçon.

Tobal poussa un soupir, un peu découragé. Il était censé se faire discret, il devait fuir, se caché et avec un animal de plus, sa tâche devenait légèrement plus compliquée. Il regardait la louve, l’air songeur.
Lorsque l’animal se mit à japper, le jeune homme se retourna pour voir la réaction de ses compagnons. Eliade, le mâle, répondit au jappement tandis que l’autre, Mircea, se retourna et alla rejoindre le cheval. Elle s’assit à ses côtés et la grosse bête ne cilla pas, il s’était assoupi. Mircea était beaucoup plus soumise que Eliade. Elle était dépendante soit de Tobal, soit de Eliade.
En les voyant agir ainsi, une idée germa dans l’esprit du fugitif. Il regarda la jeune femme à ses côtés, un mince sourire aux lèvres.

"Je crois que je vais laisser Eliade et Mircea ici, dans la forêt. Ils sauront se débrouiller, ils sont habitués à la vie en liberté. La louve va sûrement restée avec eux, déjà elle semble vouloir les rejoindre. Vous en pensez quoi?"

Tobal espérait que son plan marcherait. Ainsi, il n’aurait qu’à s’occuper de Hermès et il passerait inaperçu. Il se retourna vers ses loups.

"Venez ici!"

Mircea et Eliade s’exécutèrent. Eliade approcha son museau dans la direction de la louve blanche, alors que Mircea restait un peu à l’arrière derrière son compagnon. Tobal observait la scène, content.

"Vous connaissez un endroit où je pourrais loger à Fukeru?" Demanda t-il à l’adresse de la jeune femme.

Ambre était surprise de l'attitude de la louve. Elle n'avait jamais vu un animal normalement sauvage se prendre ainsi d'affection pour un homme... toutefois, le jeune femme ne dit rien, songeant que cette louve était sûrement déjà domestiquée... peut-être même que cet homme lui rappelait son maître ou quelque chose dans ce genre...
Elle rougit en voyant que le jeune homme en question la regardait, et baissa la tête, fixant ses chaussures. Elle ne releva pas la tête pour lui répondre, parlant de son habituelle voix timide et hésitante.

" Oui, je pense que c'est une bonne idée... ils sont faits pour être dans la nature de toute façon, je ne pense pas que ça les perturbera... "

Ambre osa lever les yeux vers l'homme quand il appela ses loups, supposant qu'il ne la regardait pas. Elle se demandait comment il avait fait pour que ces loups soient aussi obéissants, mais elle estimait que c'était un peu trop tôt pour lui poser la question. Un jour peut-être elle le lui demanderait...
Elle baissa à nouveau la tête quand il lui posa une question, fixant encore une fois ses chaussures.

" Il... il y a une auberge... la licorne. Je pense que vous y serez bien reçu... "

La louve jappa jouyeusement quand les deux autres loups approchèrent. Elle essaya d'engager la conversation avec eux. La louve qui semblait s'appeller Mircea ne l'interessait pas : trop soumise, trop obeissante, trop dépendante des autres. Bref elle ne l'appréciait pas réellement. L'autre loup, lui, semblait plus attirant. Peut etre seulement parce qu'il était du sexe opposé? Sous sa forme de louve Athéa avait du mal à le dire. Dans l'emsemble, les deux loups ne lui faisaient pas très bonne impression. Ils étaient bien trop dévoués à leur maitre au gout de la femme-louve. Cependant elle s'en contenterait, elle pouvait sans peine devenir un memebre de leur meute. De plus si elle parvenait à en faire partie, elle saurait où irait se cacher sa proie...D'autant plus si elle suivait le conseil de la jeune humaine et allait se réfugier à l'auberge. Il lui derait facile de se glisser dans la chambre du jeune homme sous sa forme humaine et le poignarder dans son sommeil. A moins qu'elle préfèrait qu'il voie le visage de sa meurtrière? ça n'était qu'un détail...et si son plan échouait, jamais l'humain ne ferait le rapprochement entre une louve blanche si proche de l'homme et une tueuse farouche et déterminée.
Elle avait hate de passer à l'action. Elle voulait voir couler le sang de cet humain. Elle voulait plonger les mains dans son corps chaud, plein de ce délicieux liquide vital pourpre. La peur, la souffrance, dans les yeux de la malheureuse victime. Le sourire carnassier qu'elle aimait afficher dans ces circonstances...que du bonheur!

Tobal observait la scène, attentif, et il y voyait de l’espoir. La louve blanche cherchait à établir un contact et Eliade lui répondait, enjoué, alors que Mircea restait derrière son compagnon, toujours aussi méfiante. Méfiante comme cette femme qui se tenait aux côtés de Tobal. Le jeune homme commençait d’ailleurs à en ressentir un léger mal à l’aise. Il avait fait quelque chose qu’il ne fallait pas? On aurait dit qu’il lui faisait peur, à cette pauvre habitante. Tobal se croyait coupable, il n’avait pas tellement l’habitude avec les gens de l’extérieur, particulièrement avec les gens du sexe opposé.

*Pourtant, songeait-il, elle reste là à me porter conseil.*

Il la regarda regarder les loups du coin de l’œil, faisant mine de regarder les loups aussi. Comment une femme peut-elle en arriver à adopter un tel comportement avec des gens de sa race? Des gens comme elle, des gens qui ne lui veulent aucun mal.
Tobal n’avait qu’une connaissance limitée du monde, plus particulièrement des gens qui l’habitent, et son monde est bien loin d’être celui que cette jeune femme soumise avait connu. Tobal avait apprit à vivre dans le monde et non à côtoyer ceux qui l’habitent. Il se sentait parfois comme un homme venu de lointains pays, comme un étranger et pourtant, il était né près d’ici. Seulement, 20 ans c’est très peu lorsque l’on voit devant l’éternité. Mais maintenant, revenons à nos loups.

Tobal fit volte-face, laissant les loups entre eux, et se dirigea vers Hermès. Il prit la selle qu’il avait laissée près du cheval, l’installa sur le dos de l’animal et brida la bête juste après. Avec agilité, il se hissa sur le dos de Hermès qui déjà commençait à s’agiter, impatient de reprendre la route. Le cavalier s’approcha de la jeune femme.

"Très bien, je ferai un court séjour à La Licorne, je trouverai autre chose ensuite, merci." Conclut-il avec un honnête sourire.

"Je vous dépose quelque part?"

Tobal tendait déjà une main, penché vers l’avant. La pauvre, peut-être n’oserait-elle pas. Tobal tentait de lui sourire le plus gentiment possible, le plus sincèrement possible, pour qu’elle voit qu’à travers ces yeux dissemblables, rien de malin n’existait et qu’une innocence enfantine s’y lisait encore si l’on regardait de près.

Ambre sursauta quand l'homme fit volte-face, mais se reprit bien vite et regarda le cheval qui l'accompagnait. L'homme semblait s'y connaitre en équitation, ce qui était loin d'être le cas d'Ambre...
Elle était contente que son conseil lui soit utile, et se dit qu'elle le reverrait peut-être à l'occasion, puisqu'elle logeait aussi à l'auberge. Elle aurait bien prit une maison, mais elle se sentait plus en sécurité à l'auberge que toute seule dans une maison où n'importe qui pourrait entrer...
Ambre fut surprise que cet homme lui propose de la déposer, et elle était bien tentée d'accepter... elle avait marché pour arriver jusque là et avait également marché dans la forêt à la recherche d'une licorne qu'elle n'avait d'ailleurs pas trouver.
Elle était sur le point de le faire quand l'homme lui tendit la main. Oui, c'était logique... pour monter sur le cheval, il lui faudrait l'aide de ce quasi-inconnu. Il avait l'air gentil, et loin dêtre agressif mais... toucher quelqu'un qu'elle connaissait à peine, ne serait-ce que par la main, elle ne l'avait pas fait depuis ce qui lui était arrivé. Et elle n'était pas sûre d'être prête à le faire... c'était idiot et elle le savait, cet homme ne lui voulait absolument aucun mal...
Elle replaça une nouvelle fois une mèche de cheveux derrière son oreille et répondit au cavalier d'un ton timide, sans trop le regarder.

" Je veux bien oui... je vais aller à l'auberge aussi. "

Ensuite, elle tendit la main vers lui. Son geste était lent au début, et elle n'était pas encore sûre de vouloir faire ça, mais rendue à quelques milimètres de la peau du cavalier, elle lui prit rapidemment la main dans le but de monter sur le cheval. Elle voulait que ça se fasse le plus vite possible, pouvoir lacher sa main le plus rapidemment possible pour que le contact soit aussi cour que possible.

Dès que la main de la jeune femme fut dans la sienne, Tobal la hissa vers lui. La selle sur laquelle il était installé était de type de randonnée, plutôt large et longue. Ils pourraient tous deux s’asseoir dessus. Un peu serrés certes, mais bien assis. Tobal hissa la femme afin qu’elle puisse s’agripper à l’arrière de la selle et ainsi prendre place derrière lui. Lorsqu’il la crut bien installée, le jeune homme pressa légèrement ses jambes sur le ventre de Hermès et aussitôt, celui-ci se mit au pas rapide, apparemment heureux de se dégourdir les pattes.

Le voyage ne devrait pas durer très longtemps, une demi-heure peut-être. Un sentier entre les arbres allait les mener au village. Derrière eux demeurait Mircea, Eliade et leur nouvelle compagne. Tobal n’était pas inquiet pour eux, ils sauraient se débrouiller et le retrouver lorsque le temps viendrait de repartir.

Devant lui s’ouvrait un chemin dont la destination finale était inconnue. À quoi cette aventure le mènerait-il? Que trouverait-il à Fukeru? Des informations sur des ennemis des habitants de Fukeru peut-être, des informations sur son père? Celui-ci avait vécut bien longtemps ici avant la naissance de Tobal. Il y avait bien des gens qui devaient le connaître.

Dans l’un des compartiments de la selle du cheval, Kristofor avait laissé une lettre que Tobal avait brûlé aussitôt après sa lecture. L’homme lui avait parlé d’ennemis de Fukeru, de danger et de choses que Tobal avait ignoré jusqu’à présent. Chassant ces pensées troubles de son esprit, le jeune homme s’adressa à sa passagère.

"Je m’appelle Zak, et vous?"

Voilà un autre conseil que son père lui avait donné. Il devrait se méfier de tous et changer son nom, qui à cause de Kristofor, pourrait lui coûter la vie. Tobal se sentait mal d’avoir menti, c’était la première fois qu’il devait nier son identité, qu’il devait s’inventer un nouveau lui, et l’expérience lui était peu agréable.

[à ma prochaine réponse je posterai à l'auberge]

Une fois sur le cheval, Ambre lacha précipitament la main du jeune homme, ce qui d'ailleurs n'était pas des plus utile car elle était quasiment collé à lui. Et elle détestait ça. Elle savait qu'elle n'avait pas le choix, mais ça ne l'empêchait pas de souhaiter que le voyage dure le moins longtemps possible.
Quand le cheval démarra, elle s'agrippa de toutes ses forces à la selle. Avoir cette possibilité la rassurait un tout petit peu, elle n'était pas sûre de pouvoir s'accrocher au cavalier si les circonstances l'exigeaient. Elle ferma les yeux un instant, songeant que ce serait peut-être plus supportable ainsi, mais elle les rouvrit au bout de quelques secondes. Non, ne pas voir ce qui se passait autour d'elle était pire...
Elle fut surprise que l'homme lui parle, lui révélant son nom et demandant le sien au passage, et elle mit quelques secondes à répondre. Elle n'avait pas vraiment l'habitude de parler à cheval...

" Ambre... je m'appelle Ambre. "

Sa voix était plus tendue qu'avant, peut-être à cause de la vitesse ou de la proximité de Zak. La seconde hypothèse était la plus vraisemblable, mais ce n'était pas important, elle avait peur depuis si longtemps qu'elle en avait l'habitude, elle aurait même été surprise si ça n'avait pas été le cas...
De toute façon, elle ne savait pour l'instant qu'une chose: peu importe sa durée, le voyage était beaucoup trop long et durerait certainement trop longtemps encore...

[hj: Pas de problème!]

La louve blanche attendit que les deux jeunes gens se fussent suffisamment éloignés. Quand ils furent hors de vue, elle repris sa forme humaine. Sa forme de jeune femme lui permettait d'avoir les idées plus claires. L'esprit de la louve en elle avait beaucoup de mal à se projeter dans le futur et à établir des plans d'avenir. La louve vivait au jour le jour. L'humaine envisageait le futur, construisait des plans.
Elle prit un moment pour se restaurer avant de se lancer à la poursuite du jeune homme. Elle savait où il se rendait et elle avait besoin de l'obscurité pour agir de toute manière. Elle avait encore pas mal de temps devant elle. Elle attrapa quelques lapins pour les deux loups qu'elle leur laissa. L'odeur de la jeune femme étant la meme que celle de la louve blanche, les deux canidés n'avaient pas peur d'elle et la traitaient comme une des leurs. Le male plaisait beaucoup à la jeune femme. Mais elle n'avait pas le droit de se prendre d'amitié pour un loup, pour personne d'ailleurs. Elle ne pouvait pas. Elle ne voulait pas.
Enfin elle ramassa ses quelques affaires et se mis en route d'un pas nonchalant. Les loups resteraient ici comme elle le leur avait demandé. A leurs yeux elle faisait un peu partie du clan, de plus ils avaient de quoi se nourrir et l'endroit était agréable, ils resteraient. La silhouète fine et gracieuse de la jeune femme s'éloigna dans la plaine.