Où suis-je?

Ambre sortait de chez elle, ce qu'elle faisait très rarement depuis quelques temps, dans le but d'aller voir sa petite amie, quand le ciel devint écarlate, et que des éclairs bleux zèbrèrent le ciel. Elle fut terroriseé par tout ça, mais quand elle arriva devant la grande et rayonnante porte, elle fut tellement surprise qu'elle resta d'abord sans bouger, avant de s'avancer vers l'entrée sans comprendre. Quand elle l'eut franchie, elle arriva dans ce monde merveilleux, moitiée émerveillée, moitiée effrayée. Elle s'assit et se recrovilla, attendant quelque chose, peut-être que quelqu'un vienne l'aider, ou qu'elle se calme, tout simplement.

Au bout de plusieur heures, Ambre se calma, puis finit par oser se relever, et regarda attentivement autour d'elle. Ce monde était très beau en vérité. L'air y était plus pur que celui de la Terre, la nature y était respectée, et il n'y avait aucun home à l'horizon. Aucune femme non plus d'aileurs. C'était calme et vide, et elle se sentait presque bien, mieux en tout cas qu'elle l'avait été depuis son agresion. Elle avança, lentement, timidement, et sans s'en rendre compte, vers le village. Elle allait dans cette direction par instinct, sans trop savoir pourquoi.

Althéa était assise sur un banc de bois dissimulé dans les ténèbres de l'ombre de la voute de quelques arbres. Elle sentait au fond d'elle, comme probablement l'arrivée de quelqu'un dans cet ici qui était un ailleurs. Elle le sentait, et cela lui ébranlait l'âme parfois.. parfois seulement.
Pour la journée de cette saison, elle portait une robe noire, une robe chic semblant être une toilette de deuil mais trop simple et trop provoquante pour l'être.

Althéa était droite, presque trop imobile pour le balancement des branches dans la lumière. Puis, enfin, elle la vit, traversant à pas lent le chemin devant elle. Cétait une femme aux longs cheveux bruns. La tavernière hésita quelques secondes et laissa la curiosté prendre le pas sur sa raison et, se levant avec nonchalence, elle se dirigea vers la silhouette de la femme, sa cheveluer comme une traine derrière elle...

Ambre entendit, puis vit une silhouette approcher. Elle eût peur, ne sachant quoi faire, puis elle vit que c'était une femme, et ça la rassura quelque peu. La femme allait vers elle, elle le savait, et hésitait entre l'attendre et partir en courant. Cette femme était belle, mais elle ne s'en rendit même pas compte. Pendant qu'elle se demandait ce qu'il fallait faire, la femme s'approchait, et le temps qu'elle prenne une décision, elle était déjà trop proche pour qu'Ambre puisse choisir entre la fuite et l'attente. Elle se décida alors à parler, et dit d'une voix timide, effrayée, discrète:

" Où... où-suis-je? Co... comment je suis arrivée là?"

Sa voix devenait tremblante, sanglotante, ses yeux s'embuaient. Elle était terrifiée devant cette inconnue, cette femme qu'elle ne connaissait pas.[/i]

Althéa attendait. Son visage était dur parce qu'elle avait mal, parce qu'elle voulait se vanger et que la seule chose qu'elle pouvait faire pour le moment était de se lamenter et d'attendre. Mais elle essaya de prendre un air confiant et aimable, un âle sourire sur les lèvres.
Sa grande robe noire trainait par terre au fur et à mesure de ses pas, un peu comme ses cheveux d'ailleurs qu'elle n'avait jamais coupée.

Et comme elle s'y attendait, se fut d'une voix timide que la nouvelle l'interpela. Certains fuyaient, d'autres ne préfèraient pas franchir la porte quand ils la voyaient. Mais elle, la nouvelle, était là, et ce poubvait être pris comme une forme de bravoure.

"Tu es quelque part et c'est déjà quelque chose. Quant à la manière dont tu es arrivée, même moi je ne le sais pas."

Althéa se trouvait à quelques mètres de la jeune femme, ne voulant pas approcher plus par prudence. Sa voix à elle ne portait même pas la trace d'un accent. Depuis près de deux cents ans qu'elle vivait là, la jeune femme avait eu l'occasion d'apprendre et de se perfectionner et elle avait des notions dans pas mal de langage. Son anglais et son français natal s'étaient plus qu'améliorés, même si elle ne les parlait pas souvent.

"Je me nomme Althéa. Pourrais-tu me dire ton nom?"

L'inconnue lui souria, elle avait un air confiant et aimable, mais ça n'empêcha pas Ambre de se méfier. Elle fut intriguée et surprise par les paroles de cette jeune fille, et ça ne la rassura pas. Toutefois, sa panique diminua légèrement, elle commençait à se calmer quelque peu.
Puis l'inconnue lui dit son nom. Althéa. Un nom qu'elle n'avait jamais entendu, aux consonnances étranges. Elle décida de répondre à la question d'Althéa, bien qu'elle ne fut pas confiante.

"Ambre. Je m'appelle Ambre. Et je voudrais rentrer chez moi. Je ne sais pas ce que je fais là, je voulais juste aller chez elle, et tout a disparu, tout ça est apparu."

Elle désigna du menton la campagne alentour tout en disant sa dernière phrase. Elle se mit à pleurer, ne sachant que faire. Elle avait envie de se blottir dans les bras de quelqu'un, mais il n'y avait personne qu'elle connaissait ici, personne qu'elle oserait toucher, personne pour la prendre dans ses bras.

Elle pleurait. Ce qui était compréhensible. Mais Althéa ne pouvait pas bouger, cela ne se faisait pas. Au fond d'elle, une bonne éducation lui dictait de faire comme si de rien était. Mais elle était humaine, et son humeur était à vif, comme son âme, et voir la douleur des autres était comme du sel sur la plaie de son coeur.
Elle s'approcha d'un mètre, tira un mouchoir propre de sa poche et tendit la main pour lui donner.

"Ambre... Malheureusement, on ne peut pas revenir et tout le monde vous a oublié. Vous ne pouvez pas refranchir la porte, elle ne s'ouvre que de l'extérieur."

Althéa s'approcha encore d'un pas.

"Je ne peux pas vous aider dans ce sens, simplement vous guidez vers quelqu'un qui le pourra peut être. Si vous le voulez bien sur..."

Quelque chose dans cette femme lui rappelait une chose de son passé, une petite nuance, un goût dans la gorge. La peur peut être, mais pas seulement. Ce qui la frappait surtout, c'était la crainte. Oui, la crainte qu'on la touche...
Son intuition lui dictait peut être la vérité. Cette femme aussi était passée par les brutalités masculines...

Ambre vit Althéa s'approcher, et lui tendre un mouchoir. Elle le prit, et essya ses larmes, qui commençaient enfin à se tarir.

"Merci."

Sa voix était encore timide, petite, et quand la jeune femme luidit que tout retour était impossible, et que tout le monde l'avait oubliée, elle eût du mal à la croire. Elle qui avait tant aimé, et tant été aimée, elle avait du mal à croire que ses parents, et surtout sa petite amie, l'avaient oubliée. Elle lui répondit en ces termes:

"Non... ce n'est pas possible... comment... pourquoi... pourquoi je dois me souvenir, quand eux ne sauront même pas que j'existe?"

Elle ne recula pas quand Althéa l'approcha, et quand celle-ci lui proposa de lui présenter quelqu'un pouvant l'aider, elle accepta sans hésiter.

"Oui... d'accord."

"Parce que c'est ainsi, vous avez été choisie, comme toutes les personnes qui sont ici."

Althéa s'était encore rapprochée. Elle aurait bien voulu prendre cette femme dans ces bras et la laisser pleurer sur son épaule. Peut être la tavernière aurait-elle pleurer avec Ambre. Elle savait à quel point le changement était brutal, même si pour elle, il ne signifiait rien qu'un sauvetage. Althéa n'avait rien laissé derrière elle. Venir à Fubuku l'avait sauver du bordel dans lequel elle était confinée.
Elle avait laissé son passé de catin pour devenir tavernière. Et cela faisait presque deux cent ans.

"Après avoir rencontré Saki, vous pourriez peut être venir vous installer à la Licorne, jusqu'à ce que vous trouviez une maison et quelque chose à faire ici."

Althéa commença à marcher vers la maison de Saki. La tavernière n'était pas sure que son amie soi chez elle en ces temps et en cette heure de la journée.

"La Licorne est la taverne que je gère et Saki est la chef de Fubuku..."

Ambre écoutait les réponses d'Althéa avec attention, et commençait à enregistrer ce que lui disait Althéa. Elle ne le comprenait toujours pas, enfin... pas complètement, mais décida de mettre ses questions de côté pour avancer enfin. Quand la jeune femme lui proposa de l'héberger, Ambre accepta:

"D'accord, ce... ça me plairait, je pense."

Puis Althéa commença à marcher, et Ambre lui emboîta le pas.

[h.j: tu fais le sujet chez Saki, ou tu préfère que ce soit moi?]